Category Archives: Le fin mot de l’histoire

Pensées du balcon

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Quand j’étais ado le monde se divisait en deux catégories. Il y avait d’un côté les gentils capitalistes avec leur société d’abondance et de libertés, et de l’autre les méchants communistes avec leurs pénuries et leur Etat Orwellien.

Quarante ans plus tard il n’y a plus de méchants communistes, remplacés par un monstre engendré sur les décombres des Soviets. Pendant ce temps, chez les gentils capitalistes, il faut plusieurs mois pour se faire livrer une voiture, il devient compliqué de trouver un médecin et il y a des centaines de médicaments en rupture de stock. Côté libertés le sénat Français vient de valider l’activation à distance des téléphones portables à l’insu de leurs propriétaires pour enregistrer leurs conversations. On pourrait objecter que c’est dans un cadre légal, mais alors que dire des pratiques d’Apple avec ses client·e·s ?

Il n’y a pas de morale à cette histoire.

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Pleine lune demain à 13h39

( Aérosculpture )

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A la source,

Aujourd’hui ça fait pile 15 ans que le blog de Heidi à fait son apparition dans les prairies de silicium, suite a un processus qui avait commencé quelques années plus tôt quelque part du côté de Pontarlier, dans les Monts Jura. C’était un jour de pluie et de brouillard. On faisait une promenade avec quelques amis. Il y avait cette citerne en train de rouiller dans le fossé au bord du chemin, à moitié recouverte par la végétation.

Il se dégageait une curieuse poésie de cette scène. Une dialectique entre cet objet industriel à l’abandon et la campagne alentour. Quelque chose s’est déposé en moi ce jour là, qui a longuement infusé et agit comme une constante, une boussole, un axe qui structure mon chemin : le rapport entre le naturel et l’artificiel.

Le blog de Heidi est issu de cette rencontre. Ou plus exactement il en est l’une des fleurs. Il est également une chronique et une vitrine, partiale et partielle du chemin parcouru. Je l’avais créé pour éblouir une jeune femme avec qui j’avais à peine échangé quelques lignes sur un forum en ligne. J’avais tellement envie d’attirer son attention ! J’étais dans une telle détresse affective dans ces années là !

J’étais très bien entouré pourtant. J’avais plein d’amis et une vie sociale riche et intense. Mais aussi une montagne de désirs et aucune vie amoureuse. L’immense frustration qui en découlait me dévorait de l’intérieur. J’ai mis du temps à comprendre qu’il fallait que je commence par m’aimer moi pour rencontrer autrui

Le blog de Heidi a accompagné, et initié parfois, cette évolution, et là je pense très fort aux belles personnes rencontrées en chemin, les muses, les témoins, les complices, les artistes ; Cette délicieuse Mademoiselle, Home, Régale, Dita*, Ilia, La Fugitive, Naïs, La strasbourgeoise, RMS Titanica, Ivy, Morwenn et tant d’autres encore !

A toutes ces personnes, à toutes celles que j’ai oublié de citer, aux vieux amis qui connaissent ce blog depuis ses débuts et à ceux qui l’ont découvert en cours de route, A toi qui lis ces pages occasionnellement ou régulièrement je dédie ce billet. Merci <3

* Dita, si tu lis ces lignes, est ce que je peux sacrifier ta petite robe noire s’il te plaît ? ;)

Pleine lune à 19h35

« Fleurs de prunier au clair de lune »
Peintre inconnu, photo par Yann Girault

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Creative Commons License Kann Danns

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Samain

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Il y avait deux saisons dans l’année pour les anciens Celtes : la saison claire et la saison sombre. Samain marquait le passage de la première à la seconde.

Sur l’étymologie du mot les hypothèses diffèrent : composée des racines *sam (été) et *fuin (fin) » pour les uns ; issue de *samani (« assemblée ») pour d’autres… En effet cette fête marquait la fin de la belle saison et tous les corps de la société s’y rassemblaient, alors elles ont chacune des arguments, sans compter qu’il y a d’autres hypothèses encore. Sur les motifs et le contenu de ces assemblées l’on est tout aussi réduit aux conjectures. On sait en revanche qu’elles se déroulaient sur 7 jours répartis de part et d’autre de la pleine lune de novembre.

C’était – c’est un intervalle hors du temps, un interstice entre deux périodes de l’année. Un moment dédié au changement. Dans les champs les travaux agraires prenaient fin et les guerriers rengainaient leurs épées. Cette année Samain a débuté mercredi dernier, soit le jour de l’annonce du reconfinement ce qui ne manque pas d’à-propos je trouve : question changement c’est pour le moins une ouverture en fanfare ! En revanche pour le côté festif et collectif il faudra repasser. Pour ce qui est des cordes c’est carrément la bérézina, et là j’ai très envie de verser une larme lorsque je pense à la session qui était prévue ce dimanche avec une charmante, une délicieuse, une super partenaire de cordes. 

Samain était – est l’époque ou s’ouvrent les portes du Sidh, un temps déjà évoqué en ces pages, où devient possible ce qui d’ordinaire ne l’est pas. Ca aussi ça décrit assez bien le présent je trouve !  Pour le moment, et pour quelques minutes encore, nous ne sommes qu’au troisième soir et ça me semble prématuré de dire de quoi cette édition 2020 sera tissée. Le fait est qu’elle est d’ores et déjà marquée d’un sceau d’étrangeté.

Il est minuit passé à présent, et c’est donc officiellement le quatrième jour. Tout à l’heure, dans l’après-midi, ce sera la pleine lune, suivie de Halloween, qui est à Samain ce que la pointe est à l’iceberg, suivie de la Toussaint et la fête des morts qui sont venues recouvrir tout ça lorsque le christianisme s’est enraciné sur les terres jadis veillées par les druides.

Le sens et les modalités de cette période varient au fil du temps et des circonstances mais l’essence elle, demeure. Nappée, voilée, festonnée par l’écume de l’histoire. Le passage et le changement.

Pleine lune à 15h50

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Creative Commons LicenseKann Danns

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Canicule…

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« (…) de l’italien canicula, qui signifie « petite chienne ». C’est l’autre nom de l’étoile Sirius, la plus brillante de la constellation du Grand Chien, (qui se) lève et se couche avec le Soleil à la période des fortes chaleurs »

Pleine lune à 23h38

(Ouaf ! )

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2000 ans

C’est curieux quand même cette manie des grandes puissances à bâtir des monuments à leur gloire…

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2000 ans plus tard ça n’a pas tellement changé…

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Est ce que ceux là vieilliront aussi bien ?

Réponse dans 2000 ans ;-)…

Pleine lune demain à 14h06

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Triskaidékaphilie

13, c’est le nombre de lunaisons dans l’année, et aussi le nombre de cycles menstruels chez la femme. Est-ce pour cela que ce nombre a eu, depuis la nuit des temps, une grande importance en des lieux fort éloignés les uns des autres ?

Les calendriers mayas et aztèques, par exemple, comptaient 20 mois de 13 jours. Chez les aztèques toujours il y avait 13 cieux, ce qui me fait songer que nos sept à nous font pâle figure à côté ;-)… De ce côté ci de l’Atlantique le nombre 13 apparaît dès les commencements de l’écriture.

En ces temps reculés où le zéro n’avait même pas encore été inventé (tsss ;-), les mésopotamiens ne comptaient pas sur une base 10, mais 12. C’est d’ailleurs pour ça qu’il y a, aujourd’hui encore, 12 mois dans l’année, et 12 signes du zodiaque aussi. Le 12 marquait l’achèvement d’un cycle, et le 13 le début d’un autre. C’est pour ça que l’on l’associait ce nombre au changement, et à l’incertitude. On le retrouve également en Egypte, où il symbolisait la mort du corps et le passage à une existence spirituelle. Ainsi la vie était représentée par une échelle à 12 barreaux, dont le treizième donnait sur l’éternité. Cette lecture persiste dans la treizième arcane du tarot de Marseille, que l’on appelle l’arcane sans nom car elle représente la mort, mais qui signifie en fait le changement. Elle apparaît encore dans la tradition kabbalistique, où le 13 est associé à la mort, encore, et à l’amour aussi…

Est-ce pour cela que j’ai appris au fil du temps à ne plus craindre ce nombre qui m’a longtemps tellement effrayé ? Est-ce pour cela que je commence aujourd’hui à l’apprécier réellement ? Le fait est que je ne me souviens pas avoir autant changé que depuis bientôt une année…Le changement était déjà dans l’air en fait, et je réalise qu’il y eut une préhistoire avant l’histoire… mais c’est une autre histoire, que je raconterai peut être un jour… ou pas… Aujourd’hui c’est surtout le présent qui m’importe… Il y a quelque chose d’exaltant à vivre dans l’instant, qui m’emplit de papillons rien que de l’écrire, à lâcher prise et à laisser venir les choses, les gens, les émotions telles qu’elles se présentent, justement…

Il m’arrive de douter pourtant, de ressentir la peur, et à chaque fois je réalise que j’ai tout ce qu’il faut dans ces moments là… C’est comme une étoile pour éclairer mes pas, et j’adore ça… Je mesure également que rien n’est jamais acquis et qu’il me faut, qu’il me faudra, rester humble en toutes circonstances, mais pour un garçon comme moi ce n’est pas forcément déplaisant… loin s’en faut ;-)

Dans la mythologie du 13 il y a également le vendredi 13… qui tombe d’ailleurs demain… Jour de chance pour les uns, funeste pour les autres…et j’avoue avoir, moi aussi, longtemps appréhendé cette date (bah oui ;-)… Il y a plusieurs versions de l’origine de cette phobie, également dite, en langage vulgaire, paraskevidékatriaphobie (ben tiens ;-)… J’aime bien celle qui dit qu’après la conversion des peuplades nordiques et germaniques au christianisme, leur déesse de l’amour et de la fertilité, Frigga, se vengea en réunissant chaque vendredi douze sorcières et le diable, soit 13 en tout, pour tourmenter ceux qui l’avaient évincée… comme quoi il ne faut jamais faire de peine à une déesse…

Il se chuchote également qu’Adam et Eve auraient croqué la pomme un vendredi 13, mais cela me semble assez difficile a établir… Plus réaliste est l’hypothèse que le Christ ait été crucifié un vendredi 13… En effet c’était précisément le vendredi que l’on exécutait les condamnés dans l’antiquité romaine. C’était également ce jour là que l‘on vénérait Vénus, et Aphrodite, aussi, chez les grecs, et Frigga, encore…

C’est curieux que l’amour et la mort étaient célébrés le même jour… Pourtant à la réflexion ça peut se comprendre… Eros… Thanatos…  tout ça… Et puis l’épectase a son charme aussi… D’ailleurs ne dit-on pas de la jouissance qu’elle est une petite mort ?

Voilà, c’est un billet fort décousu, au moins autant que celui que j’ai écrit un jour sur l’amour, mais pour une veillée de vendredi 13 ça valait la peine je trouve :-)…

Et puis aussi… Pleine lune demain à 6h12

On l’appelle parfois la pleine lune des chaleurs car elle marque l’entrée dans la saison chaude… J’aime bien aussi la pleine lune rose, ou encore, comme disaient les algonquins, la pleine lune des fraises. Il paraît que la prochaine fois qu’elle tombera un vendredi 13 c’est en 2049… et j’espère de tout cœur être présent, et bien présent, pour la contempler encore… et si je me sens (toujours) aussi bien accompagné que ces jours ci sera encore plus joli :-)…

<3

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Les fleurs peuvent elles éclore sous la lune ?

C’est avec cette question que Heidi m’avait accueilli lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois… Bien sur j’avais été totalement incapable de lui répondre… Il faut dire qu’elle a toujours eu le don de me faire perdre mes moyens ;-)… J’ai quand même fini par avoir la réponse, et dans mon propre appartement en plus… C’était l’été dernier, juste avant mon départ pour Bordeaux… par une nuit de pleine lune, bien sûr :-)…

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A l’époque je m’étais dit que c’était forcément un signe qu’elles éclosent juste avant mon départ… et jusqu’à présent les choses se sont plutôt bien goupillées… alors… merci Heidi !!! :-)))

En revanche je ne suis pas du tout certain que les pubs qui agrémentent ces pages depuis quelques mois soient bonnes pour ces jolies fleurs… J’ai mis du temps à m’en apercevoir… J’avais peu de temps à y consacrer dernièrement (je sais c’est mal ;-)… mais surtout quand je me connecte les pages du blog m’apparaissent toujours comme ceci…

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Avouez que ça change agréablement de ce que vous voyez vous … A croire que canalblog ne voulait pas trop que ça se remarque… Remarquez à leur place j’aurais également honte de mettre des trucs pareils en ligne… Sic transit gloria canalbog comme on dit vulgairement…

Je n’ai rien contre le fait qu’ils mettent de la pub… Après tout c’est le prix de la gratuité… Et s’ils tiennent absolument à faire fuir leurs utilisateurs c’est leur problème… En revanche je trouve très discutable (pour ne pas dire autre chose) qu’une plate-forme qui revendique 700 000 blogs ne permette pas d’exporter leurs contenus vers un autre hébergeur… car pour ma part je m’en voudrais beaucoup de laisser les billets et commentaires postés depuis l’ouverture de ce blog en résidence dans cette… chose…

La bonne nouvelle c’est que j’ai du temps à présent (ça ne va pas durer alors il faut en profiter ;-), et aussi qu’il y a des tas de petits utilitaires très bien fichus développés par la communauté du logiciel libre (merci infiniment à l’Oncle Tom et à son excellent canalblog importer, donc ;-)…

… Et au plaisir de vous retrouver sur le nouveau blog de Heidi :-)))

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Pleine lune demain à 21h16 :-)

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L’amour… encore et toujours

Il m’a toujours paru étonnant que la langue française utilise un seul mot pour désigner l’amour là où les anciens grecs préféraient recourir à des termes aussi distincts que l’eros, la philia, ou encore l’agapê…

L’eros était l’attirance sexuelle, le désir de l’autre. Platon en avait une conception assez ambivalente… D’une part il le voyait comme l’expression d’un manque… ce qui est d’autant plus désolant que dans sa conception, l’amour ne saurait perdurer dès lors que ce manque est comblé… D’où peut être cette curieuse expression de « fuis moi je te suis, suis moi je te fuis » que j’ai toujours trouvé tellement déconcertante… Mais d’autre part il en disait également que c’était une divine folie à la base des plus grands biens pour les hommes (homme étant ici à prendre comme un terme générique qui embrasse les femmes bien sur ;-)…

La philia se rapprochait assez de l’amitié telle qu’on la conçoit aujourd’hui, en la replaçant dans le contexte culturel de l’époque, qui voulait qu’il ne puisse y avoir d’amitié qu’entre deux personnes du même sexe et du même niveau social… Les choses ont un peu évolué depuis, mais je rencontre encore beaucoup de gens qui pensent qu’il ne peut y avoir d’amitié entre un homme et une femme… Il y aurait beaucoup à dire sur le sujet, mais pour ma part je préfère avoir une pensée émue pour celle qui est ma meilleure amie depuis maintenant bientôt 15 ans… ;-)…

L’agapê, désignait l’empathie désintéressée que l’on ressent parfois pour certaines personnes, connues ou inconnues. Les pères de l’église ont eu la malheureuse idée de transformer cette notion en charité lorsqu’ils ont élaboré les fondements de la pensée chrétienne, mais pour ma part je préfère de très loin la conception grecque d’origine, qui était beaucoup plus riche, et n’y voyait aucune considération morale ou religieuse…

Je la vois un peu comme une joie que l’on ressent à l’évocation de ce qui nous touche. Une forme d’altruisme aussi… Une renonciation à l’égo et à la recherche de pouvoir qui demande parfois d’avoir la délicatesse de se tenir à distance, un peu comme lorsque l’on admire une très jolie fleur sans la toucher pour ne pas l’abimer…

J’aimerai pouvoir l’éprouver de manière universelle, mais je n’en suis pas là… Un jour peut être… si je deviens très vieux et très sage ;-)… Mais certaines personnes ont le don de m’inspirer cela… et je crois qu’il est important de chérir et de cultiver ces émois ne serait ce que car ils constituent l’une des clés du bonheur, dont je ne sais plus qui a dit un jour qu’il ne se trouve pas en lingots mais en petites pièces…

Bien après les grecs, à l’aube des temps que l’on dit modernes, Spinoza a chamboulé la perspective platonicienne en définissant l’amour comme « une joie accompagnée de l’idée d’une cause extérieure ». Cette conception là me parle infiniment davantage que celle de Platon…  Il me semble d’ailleurs que ça correspond assez bien à ce que peuvent ressentir les couples heureux…

Plus récemment, il y a une quinzaine d’années, André Comte-Sponville a repris et développé ces notions dans un chapitre de son petit traité des grandes vertus (Résumé ici…) Je ne suis pas certain d’adhérer à tout ce qu’il avance, mais c’est surtout car sa vision renvoie toujours au couple traditionnel, fidèle et exclusif…

C’est étonnant tout de même cette omniprésence de la fidélité dans la représentation de l’amour charnel… Comte-Sponville  l’explique par le mythe de l’être primitif d’Aristophane… Comme quoi l’antiquité nous a légué beaucoup de choses en matière de représentations amoureuses… mais ça c’est une autre histoire ;-)

Exclusif ou non il me semble que l’amour contient des rêves et des élans précieux, qu’il serait dommage de réfréner même s’il n’y a pas de retour particulier à en espérer… Une belle personne que j’aime beaucoup, blogueuse de son état ;-) a dit un jour que tout ce qui n’est pas donné est perdu, et je le crois très volontiers pour ma part…

Je crois aussi que l’amour fait grandir… Pour ma part j’ai connu l’amour, et j’ai connu la haine, et je sais parfaitement où ces deux chemins m’ont menés… Alors je choisis ma route sans l’ombre d’une hésitation…

Lorsque l’on choisit cette route on n’attend rien en retour, et l’on peut alors pleinement jouir de tous les petits cadeaux que l’on reçoit à chaque instant de la vie et de tout ce qui nous entoure…

Et peut être qu’un jour on finit par rencontrer une personne très spéciale avec qui se nouent (si j’ose dire ;-) des liens particuliers… Une relation à la fois très physique et très cérébrale, faite d’émois et d’élans mutuels… avec ce petit quelque chose en plus qui fait que tout semble subitement se transformer autour de soi… 

Je ne sais pas si ça se produira un jour… et j’évite autant que possible d’imaginer les chemins étranges que pourraient emprunter une telle relation… J’ai quelques idées bien sûr, mais c’est surtout ses idées à elle que j’espère découvrir un jour ;-)…

Il me semble que le genre de demoiselle qui pourrait m’émouvoir ne se rencontre que dans une petite frange de la population, mais c’est le propre de l’amour que de se donner uniquement à un être rare, solaire… unique entre tous… et peu me chaut qu’elle m’accorde ou non l’exclusivité de ses divines folies… Bien au contraire même ;-)…

Rien de soumis là dessous… Juste un certain art de vivre et de ressentir les choses…

Je ne puis m’empêcher non plus de songer à une délicieuse personne rencontrée un beau jour d’été… Elle aussi était solaire, et tout s’était subitement transformé autour de moi lorsque je l’avais vue… Nos élans se sont quelque peu transformés depuis… et je ne sais pas où il nous mènerons… loin je l’espère :-), mais quelle que soit la destination c’est une grande joie de la connaître un peu et de savoir que de tels êtres existent et vont de par la terre, sous le soleil et la lune :-)…

Voilà… ça part un peu dans tous les sens et je ne suis pas certain que ce soit très cohérent, mais ça faisait longtemps que je voulais faire un billet sur l’Amour… Et il me semble qu’aujourd’hui est un bon jour pour le faire, et pas seulement parce que c’est le premier jour de ma nouvelle vie ;-)

PS. Finalement j’aime bien l’idée d’un mot unique dans la langue française qui enveloppe et recouvre toute la richesse de cette belle et noble émotion… Un peu comme un écrin unique pour un joyau aux mille facettes…

Il y a bien des choses dans ce joyau… des couleurs et des chatoyances,  des chants et des murmures, des ondes et des vibrations qui vous traversent et vous font vibrer à leur unisson… Ce sont des choses qui ne s’écrivent pas (bah oui mais je peux pas m’empêcher ;-) mais se vivent… et déclenchent parfois d’étranges arc en ciels ;-)…

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Ex utero

« Ce livre est né de frustrations, comme celles d’entendre, de voir, de lire des « féministes » et de ne pas s’y reconnaître  (…), la frustration également de n’accrocher à aucun intérêt commun, parce qu’un tel intérêt n’existe pas en dehors du consensus d’une majorité sur une ou plusieurs minorités, système qui n’a plus lieu d’être dans nos sociétés pluralistes (…) »  tel est le propos préliminaire de ce bel essai de Peggy Sastre sous titré « Pour en finir avec le féminisme… »

Son constat de départ : les femmes ont largement conquis leur liberté au cours du dernier siècle… elles travaillent, touchent des salaires, divorcent, ont l’autorité sur les enfants, séparent sexe et reproduction, mais… et si la pire oppression demeurait en elles ?

Et si au delà du joug masculin subsistait « l’entrave d’un corps fait pour assurer la charge de la reproduction d’une espèce et les représentations psycho-biologiques qui en découlent, y compris chez les femmes elles mêmes, et qui feront qu’une Marie couche toi là sera irrémédiablement regardée, en premier lieu par ses camarades de genre, avec mépris ou au mieux compassion » ?

L’ouvrage se présente comme un plaidoyer contre un féminisme « officiel » qui rejette l’hédonisme et considère qu’une femme choisissant d’assumer et (pire) d’exposer des formes de sexualité alternatives  serait forcément à côté de la plaque et victime d’une société machiste qui la reléguerait au rang d’objet érotique, ce qui est pour le moins lui dénier toute possibilité de libre arbitre.

Il se présente également comme une invitation à celles qui le
désirent de s’extraire de ce carcan… Invitation que l’auteur résume
très joliment par « En un mot qui m’aime me suive, il est encore temps
pour les autres d’aller se faire foutre »
… Comme quoi on peut être docteur en philo et avoir le verbe haut et clair
;-)…

C’est peu de dire que j’ai aimé ce livre… C’est vrai quoi… en tant que garçon, et donc forcément oppresseur millénaire et obsédé (bah oui, désolé ;-) comment pourrais je envoyer sur les roses ces nouvelles grenouilles de bénitier qui prétendent qu’une fille doit forcément être amoureuse pour faire l’amour (on dirait presque du Benoît), ou déclament du haut de leur chaire qu’« une actrice porno ne peut pas consentir à faire son métier », en gros que c’est une incapable majeure qui ne peut pas décider ce qui est bon pour elle ou pas…

Bah oui c’est tout simplement pas possible, et puis avec mon p’tit côté soumis j’ai bien trop d’admiration pour le genre féminin pour m’y autoriser, alors bravo et merci les Peggy (Sastre), les Virginie (Despentes), les Coralie (Trinh Thi, que je n’ai pas encore lu mais shhht ;-)… presqu’envie de vous baiser les pieds sur ce coup là mais bon… les fleurs c’est pas mal aussi… plus neutre disons ;-).

C’est aussi un plaidoyer contre le fascisme reproductif et pour la « nulliparité heureuse », c’est-à-dire de choisir de ne pas avoir d’enfants et d’en être fier.

L’expression « fascisme reproductif » peut sembler excessive, mais voyez ce témoignage cité dans l’ouvrage « La première fois que j’ai participé à une réunion No kidding c’était extraordinaire : j‘étais dans la même pièce que plusieurs femmes qui avaient d’autres sujets de conversation que leurs enfants (…) »… Autre témoignage : « Nous vivons dans une société qui a été littéralement lobotomisée par l’idée qu’il n’y a pas mieux pour son épanouissement personnel que de faire un enfant. Mais c’est en réalité une obligation et non plus un choix. Si vous n’avez pas d’enfants vous êtes au mieux pris en pitié, au pire on vous regarde comme le diable en personne »

Là encore je me garderais bien d’entrer dans ce débat là… Mais objectivement j’ai plusieurs personnes autour de moi qui ressentent cette pression… et je suis à peu près certain que vous en connaissez aussi. Je rajouterais que dans la campagne profonde où je suis né il y avait toujours des oncles et des tantes qui n’avaient pas d’enfants et s’en portaient très bien.

Pour ma part je n’en ai pas… Je n’ai pas vraiment d’avis sur la question, simplement elle ne s’est jamais posée, mais au fond de moi il me semble qu’avec mes 7 Mds de congénères l’espèce n’a pas vraiment besoin de moi pour se perpétuer, et que ce serait peut être même plutôt mieux pour la planète que je n’en aie pas…

Pour en revenir au livre… il défend également l’idée d’une sexualité libre, dégagée de toute contrainte normative, et « prenant en considération la diversité des goûts, des pratiques et des personnalités » de chacun.

Ce qui est une position de pur bon sens, mais n’est finalement pas si simple, puisque le sexe demeure le « centre identitaire de la femme » et devient peu à peu le « nouveau siège de son âme » et qu’on constate une sacralisation du sentiment amoureux qui vient remplacer l’ancienne morale matrimoniale…
Personnellement ça ne me dérange pas… après tout chacun fait bien ce qu’il veut… du moment qu’il ne vient  pas faire la leçon aux autres sur leurs choix de vie…

Autre frein à l’émergence d’une sexualité libérée : le fait qu’elle (la sexualité) demeure le point de passage obligé de la reproduction et que « l’accès au partenaire devient l’objet de stratégies et d’une compétition entre les sexes comme au sein de chaque sexe »

Toujours cette fichue peur de l’abandon et de la perte de l’autre… Je ne sais plus qui disait que la peur était le meilleur moyen de se rendre malheureux… mais pour ma part je préfère me réjouir de toutes les belles histoires que j’ai vécues plutôt que de les regretter… et plus j’avance et plus je me dis que dans une société d’abondance sexuelle la fluidité devient une chance de dépasser l’idée de couple mononucléaire tel qu’on l’entend aujourd’hui, et peut être même d’imaginer de nouveaux modes d’organisation sociale et familiale (un vieux rêve ça… mais c’est une autre histoire…)

Mais mon passage préféré, celui qui m’a le plus touché parce que c’est le truc dont on ne parle presque jamais reste quand même que « la liberté sexuelle fait peur, d’abord parce que c’est très inégalitaire : ça peut être dur pour les moches, ceux qui ne se débrouillent pas bien, Houellebecq l’a très bien montré. Certains couchent beaucoup, d’autres pas du tout, ça peut donc être très triste aussi, selon le côté où vous êtes placé ».

Faut il être beau et plein d’assurance pour être pour la liberté sexuelle ?… Ma foi, pour moi qui ne suis pas vraiment un parangon de beauté ça me parait un peu simpliste, mais peut être est ce tout simplement car je n’ai guère de problèmes de timidité… encore que… parfois… lorsque je me retrouve aux pieds de certaines personnes ;-)))).

Le livre se poursuit sur un passage en revue des portes de sorties…

Quelques principes de base par exemple, glanés au fil des pages, comme séparer nettement le sexe de la reproduction et apprendre à développer un discours déculpabilisant sur la sexualité…

Mais il y en a d’autres, plus étonnantes, dont je me garderais bien de parler… Après tout il faut bien vous donner une bonne raison d’acheter le livre, d’autant plus que c’est un ouvrage clair, documenté, très bien écrit, parfois drôle, et souvent touchant…

Bref un joli coup de coeur pour ce livre… Et de profonds remerciements à la personne qui me l’a fait connaître ;-).

Le livre s’achève sur une série de témoignages de femmes, connues ou non, qui ont choisi d’emprunter d’autres chemins… Certaines d’entre elles pratiquent d’ailleurs le SM… au point que j’en viens à me demander s’il n’y aurait pas un vague rapport avec le fait que j’apprécie tant les femmes libres ;-)…

Je me permettrais de finir sur une p’tite citation de l’une d’entre elles, à savoir Catherine Robbe-Grillet (grande dominatrice devant l’éternel), et qui concerne les  figures de proue du féminisme actuel : « Ces femmes ne me représentent pas, elles m’énervent. […] Ces femmes oublient ou ne veulent pas voir l’essentiel […] : les comportements et les réactions des individus, surtout lorsqu’il s’agit de sexe, sont extrêmement divers. Personne ne devrait jamais parler à la place des autres. »

On ne saurait mieux dire ;-))))).

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La source et la flèche

Au commencement était la source.

Celle ci coulait, dit on, au milieu d’une forêt de hêtres, sur un îlot cerné de cours d’eaux et de marécages… passent les lunes, passent les saisons, passent les nuages… Un jour un homme vêtu de peaux s’y arrêta et vint ériger un autel de pierre au bord de ses eaux chantantes. Il se murmure qu’il s’y pratiquait toutes sortes de sacrifices, mais ces temps anciens appartenaient déjà à la légende lorsque les romains vinrent installer un camp retranché sur l’île. L’histoire a retenu que cet autel servit un temps au culte de Lug, avant que les triboques ne viennent le consacrer à un géant sylvestre vénéré par les peuplades germaniques de l’époque.

Les romains consacrèrent l’autel à Mars, dieu de la guerre, tout comme l’était déjà le vieux Lug des celtes… Ils bâtirent un temple sur la source, et les années passèrent jusqu’au jour où une croix vint se dresser sur le faîte de la bâtisse… C’était après le règne de Constantin, et la source devint front baptismal juste avant que les barbares n’enfoncent le limes par une nuit de décembre 406, à la faveur d’un hiver tellement froid que même le fleuve qui servait de frontière naturelle avait gelé.

La légende dit que l’eau de la source servit à baptiser Clovis sur les décombres de l’antiquité… Puis le lieu fut abandonné et seules des ombres furtives vinrent parfois se glisser entre les ruines de ce qui avait été autrefois une cité prospère et animée dénommée Argentorate. Ce fut le grand hiver et, à l’instar de celui qui sépara la chute de Mycènes du printemps d’Homère, nul ne sait vraiment ce qui s’y noua.

On sait en revanche qu’il y avait une basilique en bois sur les ruines du temple vers l’époque où les fils de Charlemagne se disputaient la suzeraineté de l’îlot, et il est dit qu’elle s’embrasa lors d’un orage en 1007. Ce fut l’évêque Wernher, apparenté aux Etichonides et aux Habsbourg, qui entreprit d’amasser des fonds pour la rebâtir.

Les travaux démarrèrent en 1015 et il fallut d’abord planter des pieux de chêne en guise de fondations pour stabiliser le sol gorgé d’eau. L’édifice roman fut achevé vers 1170, mais un nouvel incendie et l’avènement d’un nouveau style architectural du côté de Chartres et de la Sainte Chapelle des rois capétiens firent que l’on entreprit aussitôt d’en rebâtir une nouvelle, plus grande, plus fine, plus lumineuse, plus représentative du génie de son époque. Les travaux durèrent jusqu’en 1439, et douze générations de maîtres artisans vinrent depuis toute l’Europe pour oeuvrer à un chantier dont ils ne virent pas la première pierre, pas plus qu’ils n’en virent la dernière…

L’édification d’une seconde flèche fut abandonnée lorsque l’on s’avisa que le sol
menaçait de s’affaisser sous le poids de l’ensemble, mais la première resta longtemps la plus haute d’Europe. L’aspect final de la façade, toute en fine dentelle de grès rose provenant des Vosges voisines, ainsi que son immense rosace en épis de blé doivent beaucoup au talent de maître Erwin von Steinbach dont les plans sur parchemins sont encore aujourd’hui pieusement conservés par l’Oeuvre Notre Dame qui n’a cessé de veiller sur la destinée de la cathédrale depuis ses origines.

L’antique baptistère fut clos lorsque la ville fut gagnée par les idées réformistes de Luther. Et il est dit qu’il fut définitivement muré après qu’un soldat s’y soit noyé. C’était peu après le retour des français, et ils furent salués en sauveurs après 150 ans de guerres insensées qui avaient laissé toute l’Europe exsangue et devaient donner naissance à ces temps que l’on dit parfois modernes…

La cathédrale veillait sur la ville et les plaines avoisinantes du haut de sa flèche altière. Ce fut Viollet Le Duc qui lui apporta sa dernière modification d’envergure sous la forme d’une petite tour octogonale venant coiffer la croisée du transept… Il me plaît d’y voir une petite sœur de la flèche, et un hommage à la chapelle palatine de celui qui fut le premier à porter le grand rêve européen…

C’était à chaque fois juste avant que l’histoire ne s’affole en l’un de ces emballements périodiques dont elle semble coutumière… Mais la cathédrale demeure, témoin de ce qui fut, de ce qui est, et je l’espère de ce qui sera.

Et la source me direz vous ?
Elle est toujours là et coule à 11 mètres sous une dalle un peu plus grande que les autres située dans la nef sud… Cherchez vous la trouverez.

Et peut être trouverez vous aussi ce lac souterrain dont la légende prétend que l’on y accède – à condition d’avoir un cœur pur – par un escalier partant d’une maison contigüe à la plus ancienne pharmacie de la ville… située juste en face du portail, de l’autre côté du parvis… Mais ce n’est là qu’une des innombrables histoires qui circulent sur le compte de cet édifice vénérable et fabuleux, où se brassent et se mêlent depuis bientôt mille ans les vents de l’histoire et les rêves des hommes…

… Quelque part entre source et flèche…


Illustration Tomi Ungerer
(dont le papa fut maître de l’horloge astronomique)

(spécialement dédié aux tisseuses de songes et aux fées qui les inspirent :-)

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