L’art des pinces

Les pinces sont aux dominants ce que la boîte à rythmes est au musicien : une aide commode qui permet de se libérer les mains pour faire autre chose. Libre alors à chacun de s’essayer à d’autres instruments, voire simplement de s’installer dans un fauteuil pour savourer en mélomane la partition qui se déroule sous ses yeux…

Il existe toutes sortes de pinces. Elles peuvent être plates, dentées en étau, croisées ou non. On trouve assez fréquemment des paires de pinces reliées par des chaînettes… ce qui permet des jeux de traction amusants (enfin ça dépend pour qui ;-)… On trouve plus rarement des pinces inspirées des clamps chirurgicaux… Il existe enfin des systèmes plus légers, par exemple de petits élastiques à fixer sur les seins au moyen d’une pompe à vide, ou de petits noeuds coulants permettant de faire varier la pression, et qui constituent un excellent moyen d’initiation pour les débutants.

Mais le plus drôle reste encore de détourner toutes sortes d’objets de la vie courante… cintres, pinces à cheveux, à linge, à sucre (une façon très raffinée de travailler les seins ;-)… On peut aussi bricoler de très jolies pinces à partir de baguettes de bambou reliées entre elle par de petits élastiques… Ma dernière trouvaille date d’avant-hier, dans un cocktail : d’adorables mini pinces à linge utilisées pour fermer des amuses bouche… très esthétiques, et très faciles à poser sur toutes les parties du corps… ce qui n’est pas toujours le cas.

Et naturellement on peut employer les ongles ou les doigts, qui sont de merveilleux instruments pour ce type de jeux… Rien de tel pour doser la pression, et 100% naturels en plus :-).

La durée maximale de port des pinces varie énormément.
Elle dépend naturellement de la puissance de la pince. La force de fermeture dépend du ressort. En général plus les crocs sont petits, plus ils sont douloureux, car la pression s’exerce sur une surface de peau plus restreinte. Les dents métalliques sont généralement revêtues de latex ou de polymère pour mieux répartir la douleur… Mais ce n’est pas toujours le cas, et mieux vaut être prudent dans ce cas.

Elle dépend également de l’emplacement où l’on met la pince. Plus la peau est fine et plus la pince sera douloureuse. Et les muqueuses et zones érogènes sont bien sur les plus sensibles. L’utilisation classique des pinces se fait sur les seins. Mais il est possible de les mettre sur toutes les parties du corps. partout où la peau se prête à l’accrochage, et une personne couverte de pinces peut être fort agréable à regarder, ce qui présente un intérêt supplémentaire pour le dominant. Une pincée (c’est le cas de le dire ;-) d’esthétique qui vient se rajouter aux joies de la domination érotique.

La duré dépend également des limites individuelles de chacun et de l’état d’esprit du moment. Bizarrement une même personne pourra connaître des variations importantes de tolérance aux pinces d’une séance à l’autre, voire même au cours d’une même séance. C’est pourquoi il convient de prévoir un signal de sécurité, une sorte de bouton d’arrêt d’urgence qui signifie la fin immédiate de la séance. On utilise généralement un mot de sécurité. D’anciennes Maîtresses m’avaient donné le mot « pitié » pour demander l’arrêt d’une séance. Pour ma part je préfère utiliser le mot « rouge » avec ma soumise habituelle. C’est plus poétique je trouve, et tout aussi évocateur. Bien sûr le but est de ne pas arriver à cette extrémité. Il ne s’agit pas d’une compétition, mais d’un jeu entre deux adultes consentants et ce n’est jamais drôle de devoir botter en touche… Et, dans la cadre particulier du SM, il faut généralement un peu de temps avant de pouvoir remettre la balle en jeu, pour rester dans un vocabulaire foutebalistique, ce qui casse un peu le rythme de la soirée… Bien sûr cela n’a rien à voir avec les petites mi-temps qu’on peut avoir envie de s’offrir de temps à autre… mais là je sors du sujet… et j’en reparlerais une autre fois donc… peut être… ;-).

La réaction du sujet dépendra également de ses motivations. Un maso pur qui recherche la douleur pour les sensations qu’elle lui procure aura tendance a demander l’arrêt dès que ça devient trop douloureux. Un soumis pur qui ne recherche pas la douleur mais l’accepte pour le plaisir de sa complice aura, lui, tendance a vouloir repousser les limites pour ne pas décevoir sa partenaire. Bien sûr il existe une infinité de situations intermédiaires entre ces deux extrêmes.

Les pinces infligent des sensations en forme de profil de baignoire. La douleur est vive dans un premier temps, voire insupportable, puis s’estompe en quelques dizaines de secondes jusqu’à former une sorte de son de basse relégué à l’arrière plan sur laquelle pourront venir se greffer de nouveaux instruments de musique. La sensation de douleur revient ensuite progressivement, avec des fluctuations d’intensité.

La pose des pinces peut se faire de façon simultanée mais il est également possible de le faire de façon progressive, en attendant un peu que la douleur de la précédente s’estompe pour initier la suivante. Certains ajoutent aussi des poids en cours de route, ou jouent avec les pinces… Ces variations permettent de créer toutes sortes d’effets et de rendre la cérémonie plus intense. Il convient ensuite de laisser mitonner le sujet, et il n’est pas rare qu’il se tortille ou gémisse car c’est en réalité une expérience assez intense, et il peut s’avérer nécessaire de prévoir un bâillon dans les lieux mal insonorisés…

La douleur redevient insupportable à l’enlèvement des pinces. C’est en réalité le moment le plus douloureux, plus encore que lors de la pose. Et plus la séance est longue, plus la douleur est vive, ce qui est un paramètre supplémentaire qui doit être pris en compte par le dominant. La douleur s’abaissera ensuite graduellement et il arrive que la peau conserve une jolie marque qui s’estompera avec le temps.

La marque dépendra de la durée de la cérémonie et de la nature des pinces. Des pinces plates laisseront moins de traces que les crantées, et en tout état de cause il vaut mieux éviter d’utiliser des pinces crantées dans la durée car elles laissent des marques durables au bout de quelques minutes… Prudence donc.

Le plus impressionnant avec les pinces concerne leurs effets dans la durée. La peau reste sensible pendant des jours voire des semaines, et, une fois passée l’irritation initiale, le moindre frottement de tissu peut devenir jouissif sur la peau sur-irriguée.

Il arrive également qu’une couche de peau morte se forme et tombe au bout de quelques jours comme lors d’une mue, et pour ma part je conserve un souvenir ému du jour où une petite clochette de peau transparente s’est détachée de mon sein, quelques jours après une séance… J’aurais dû la garder tiens ;-).

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Creative Commons License Heidi Silicium

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