… étrange et pénétrant d’une architecture qui se fondrait dans la nature. C’est là je crois une réminiscence de mon enfance, lorsqu’on traversait Bâle en voiture avec mes parents pour aller skier dans l’Oberland Bernois ou le Gothard… Lorsque je m’émerveillais des ornements en béton recouverts de plantes grimpantes qui défilaient le long de l’autoroute qui traverse la ville avant de filer vers les beaux vallons du Jura Suisse.
J’ignorais en ce temps là qu’à l’autre bout du monde, quelque part du côté de Santa Monica, d’anciens soldats vivaient déjà dans des maisons à base de ferrociment. Une technique mise au point pendant la seconde guerre mondiale pour construire rapidement et avec des moyens minimaux des abris, des stockage, ou des réservoirs d’eau. Le principe est bête comme chou : prenez une armature métallique, donnez lui la forme que vous désirez, et recouvrez la ensuite, à la truelle, d’une mince couche de ciment ne dépassant pas 4 cm d’épaisseur.
Cette technique donne des constructions d’une solidité à toute épreuve. Elle permet également, avec des moyens limités, d’obtenir une variété infinie de formes et de motifs, à l’extérieur comme à l’intérieur. Les maisons sont toutes en courbes organiques, elles peuvent être recouvertes de toitures végétalisées accueillant parcs et oiseaux… Les intérieurs se prêtent à toutes les fantaisies et l’on peut même sculpter le mobilier de manière à ce qu’il fasse corps avec la maison… De grandes baies arrondies permettent à l’imagination de se transporter par delà l’horizon… Ce mode de construction fut popularisé en Europe par Antonio Gaudi, qui l’utilisa largement à Barcelone pour ses belles constructions organiques… Elle est aujourd’hui encore largement utilisée pour faire des sculptures.
Elle eut également son heure de gloire dans les années 70, puisqu’elle permettait à n’importe quel amateur de plaisance peu fortuné de se construire son propre bateau, sa propre coque, sans pour autant avoir besoin d’un moule. Car oui, elle est même utilisable pour construire des bateaux… et ils flottent, du moins à ce qu’il paraît ;-).
Elle n’est pas simple à mettre en oeuvre car elle demande beaucoup de minutie pour éviter les problèmes d’étanchéité, et ne s’est jamais beaucoup développée car elle n’est pas adaptée aux exigences de productivité des chantiers modernes. Au fond c’est une technique pour l’auto-construction, ou pour les pays à faible coût de main d’oeuvre…
Et pourtant, elle a continué à faire son petit bonhomme de chemin, les techniques se sont améliorées, de nouveaux matériaux de renfort sont apparus… notamment le bambou, et la toile de jute… et le résultat est… ma foi, laissons le parler de lui même :-).
(Hmm, j’adore ce bureau ;-)
Toutes les photos proviennent du site d’ Arquitectura Organica (Mexique)
… Et plein d ‘autres exemples ici
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Heidi Silicium
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