Fin octobre début novembre a toujours été un moment particulier pour moi, en bien ou en mal. Cette période marque un anniversaire douloureux, vieux de 35 ans aujourd’hui, plusieurs fois évoqué en ces lieux, et une page tournée aussi. Puis, il y a 15 ans, pile pendant la nuit du passage à l’heure d’hiver, j’ai eu un clash avec une jeune femme dont j’espérais qu’elle deviendrait ma Maîtresse. A l’époque c’était comme si mon monde s’effondrait. Mais ce n’était qu’un trompe l’oeil, un monde intérieur qui n’existait que dans mon esprit et me coupait de toute réalité. L’illusion bienfaisante que je représentais quelque chose pour cette jeune femme parisienne avec qui je correspondais depuis plusieurs mois déjà.
La nuit où c’est arrivé elle avait simplement tardé à m’écrire car elle était sortie avec des amis. Et moi, à des centaines de km de là j’étais fou d’angoisse devant cette situation. C’était forcément parce que j’avais fait quelque chose qui l’avait incommodée, il ne pouvait en aller autrement ! Je lui ai donc écrit un long mail d’excuses que je lui ai adressé juste au moment où je recevais son message du jour. A l’époque ça avait tué la relation, mais il est vrai qu’elle avait déjà du plomb dans l’aile, si tant est qu’elle ait jamais eu un avenir. Il est vrai aussi que j’étais bien attaqué à l’époque, tellement exalté que je n’en dormais plus.
Autant ça semblait immense il y a quinze ans, autant ça me semble insignifiant à travers mes lunettes d’aujourd’hui. Ca n’avait rien d’insignifiant pourtant. Ce clash a joué dans le processus qui m’a fait changer de métier, de vie, de ville. J’avais rangé cette histoire dans un coin de mon esprit jusqu’à ce qu’elle me revienne ce matin. Parce que c’est bientôt la date anniversaire de ces événements, et aussi parce que cette année on dirait bien que c’est de nouveau un anniversaire compliqué a gérer.
Je pensais avoir conjuré le sort il y a quelques années, lorsque j’ai rencontré ma petite américaine une nuit de changement d’heure, mais je n’en suis plus du tout certain.
Cette année j’ai une vraie Maîtresse. Elle vit non loin d’ici et on se voit régulièrement. Ce matin Elle m’a proposé quelque chose qui m’a mis en colère et que j’ai refusé. Ce quelque chose nous appartient et n’a pas lieu d’être rapporté ici, simplement je réalise que ma réaction était malvenue. Je ne regrette pas d’avoir refusé sa proposition, mais j’aurais aimé – et pu – le faire différemment, sans colère. J’aurais pu me contenter de dire mes besoins simplement, droit dans mes bottes. Je réalise que je suis installé dans un système de croyances qui me dévalorise à mes propres yeux. Je ne sais pas si on peut parler d’une projection, mais le résultat est le même.
Il m’arrive également des contrariétés depuis hier : le zoom de mon appareil photo qui tombe en panne après dix ans de bons et loyaux services ; un problème de camion qui m’empêche d’aller chercher du bois la semaine prochaine, des problèmes de calendrier, des contrariétés professionnelles… La panne de zoom est une réalité tangible (et pénible !) mais les autres relèvent davantage d’un problème de perception. : ce sont des choses que je choisis de voir en négatif à un moment donné.
Je suis dans un de ces moment où je vois tout en sombre. Ce type de période m’a déjà porté préjudice par le passé. Selon mon expérience c’est bien de ralentir et de se poser, exactement ce que je m’apprête à faire ce week-end, en compagnie de ma Maîtresse. J’espère simplement que je saurai bien me comporter, et adopter les bonnes attitudes tout en étant capable d’exprimer mes besoins.
Pleine lune à 22h23
(puis changement d’heure :)