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C’était la semaine dernière. Le soleil de l’après midi inondait mon appartement à travers la porte-fenêtre. Soudain j’ai vu un curieux motif de lumière sur le mur. Quelque chose de rohrscharien.
Vous y voyez quoi ?
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C’était très beau, étonnant aussi, car je ne comprends pas comment un tel motif peut se former à travers une porte fenêtre rectangulaire, mais il y a certainement une explication.
Un peu plus tard dans l’après midi j’ai attaché une personne que je voyais pour la première fois. Une jeune femme très endurante et très masochiste, le genre de partenaire qu’on peut emmener très loin dans les cordes, tellement loin qu’il faut savoir dire stop à sa place, et redoubler de vigilance donc. Ce genre de partenaire m’a longtemps fait peur, mais en l’attachant j’ai réalisé que je suis beaucoup plus à l’aise avec ça à présent. C’était un beau moment de cordes, comme tous ceux que j’ai pu faire ces derniers mois, pourtant je ne suis pas pressé.e de revoir cette jeune femme. J’aurai plaisir à l’attacher encore, mais pas tout de suite. Je réalise que je cherche davantage une compagne qu’une partenaire de cordes en ce moment, et clairement elle n’est pas compatible avec moi sur ce plan là.
Au début de l’année, déjà, j’avais fait une rencontre de cordes. Très vite on a commencé à se voir toutes les semaines, et bien sur c’est devenu davantage qu’une rencontre de cordes. C’était une belle personne, attentionnée, brillante, fragile et instable aussi, comme je pouvais l’être moi même lorsque j’avais son âge, ce qui m’attendrissait beaucoup. Elle non plus n’était quelqu’un pour moi. On avait de beaux moments et une communication très fluide, évidente mais ça manquait d’intensité. Ca ne m’a pas fait trop de peine quand on a cessé de se voir. On est resté en contact depuis et le temps dira si on peut devenir amis.
J’ai longtemps eu une grande facilité à nouer des liens avec la gent féminine. Il y avait une simplicité, une évidence. La communication, les confidences coulaient de source. Seul bémol, à chaque fois que je rencontrais quelqu’un qui me plaisait je me retrouvais systématiquement confiné en « friend zone ». Ca a duré toute mon adolescence, c’est à dire jusqu’à 35 ans environ ;-). A un moment je me souviens m’être dit que j’en avais assez de faire des rencontres féminines amicales. Quelque chose a changé ensuite. Je suppose que ça c’est joué dans mon attitude, que je ne devais plus émettre les même vibrations autour de moi.
De l’eau a coulé sous les ponts depuis cette époque, beaucoup d’eau. Depuis quelques temps je me dis parfois que j’aimerais bien renouer des amitiés féminines sans arrière pensée de séduction ou d’érotisme, simplement aller à la rencontre de l’autre. Ca devrait être simple mais j’ai du mal. Je me surprends parfois à porter un regard érotisé sur des femmes que j’apprécie énormément et je n’aime pas ça car j’ai l’impression de les ramener à de simples objets de concupiscence ce faisant. Peut être que je prends simplement conscience de ce qu’on appelle le « male gaze » ?
Je trouve que c’est pourtant bien d’apprécier la beauté d’un corps, d’une attitude ou d’une tenue. Ca fait partie de la légèreté, des choses qui rendent le monde plus beau au quotidien. Peut être que l’erreur est simplement de genrer le regard ? Formulée ainsi la réponse semble évidente.
J’ai l’impression que pour moi à un moment il y a eu une sorte de fétichisation du corps féminin. A un moment c’est devenu un objet de fixation érotique. J’ai des images très précises qui illustrent cette évolution : je me souviens du choc ressenti à la vue du string d’une commerciale qui dépassait de son jean pendant qu’elle me déroulait son argumentaire dans une boutique. Ou encore la déferlante du porno chic au début des années 2000, lorsque lorsqu’un érotisme trash s’est soudain affiché partout dans la pub, les galeries d’art, les médias… Est ce que cette vague a fait évoluer les normes, ou est ce juste moi qui suis devenu un obsédé sexuel vers cette époque là ? Formulée ainsi la réponse n’a rien d’évident, mais peut être que ça n’a guère d’importance.
Peut être qu’en l’occurrence l’important est que les personnes qui subissent ce regard dans l’espace public n’ont rien demandé et peuvent légitimement se sentir agressées. En tout cas il me semble que je le serais moi si j’étais à leur place. Il y a aussi le fait que cette fétichisation invisibilise les autres dimensions de la personne, et ce faisant empêche la rencontre authentique, condamnant la relation à rester minimale, étique là où, avec un peu d’éthique…
Ca fait longtemps que j’évite de jeter des regards insistants sur les personnes qui m’entourent, mais je réalise que pour certaines d’entre elles ça revient à ne pas les regarder du tout, simplement parce que je ne peux pas m’empêcher de les trouver très jolies et que je ne veux pas qu’elles se sentent agressées. Mais ça aussi empêche toute forme de relation. La rencontre avec l’autre commence par « je te vois et je te reconnais en tant que personne singulière ».
Enfin bref je veux cultiver un regard plus neutre dans l’espace public, tout en restant léger et capable d’apprécier la beauté. Qu’il puisse y avoir de la séduction, mais simplement que ce ne soit pas une fin en soi mais le fruit d’un dialogue entre adultes désirants. Je veux également nouer davantage de relations avec les gens que je croise, des amitiés profondes où l’on peut se dire les choses que l’on porte en soi, mais aussi nouer des relations légères. Parfois c’est simplement chouette d’être en bonne compagnie autour d’un verre.
Je veux enfin faire une belle rencontre romantique, c’est à dire parfaitement kinky et libre bien sûr, joyeuse, positive.
C’est amusant ce billet commençait par un rayon de soleil et s’achève en lettre au père Noël, ou à la mère Noël plutôt :-). Un billet de saison en somme, à l’approche du solstice.
Pleine lune à 5h37
(Tomi Ungerer)
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Kann Danns