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Un trou de mémoire ?
Category Archives: Au pays de Heidi Silicium
Un conte de Halloween…
J’ai toujours adoré ce joli conte, visuel et sonore, qui m’évoque étrangement l’ambiance d’Halloween… ce doit être pour ses tons orangés, je suppose… Et puis j’ai toujours bien aimé les contes aussi… On dit que ce sont des histoires pour enfants, mais justement, il y a beaucoup de choses dans les histoires pour les enfants…
J’aime bien Halloween également. L’ancien samain des celtes… Autrefois cette fête marquait l’ouverture d’une nouvelle année, elle symbolisait le passage et le renouveau. La fête était bien plus longue, et bien plus significative également qu’en notre triste époque. Elle s’étirait alors sur 7 jours et 7 nuits, et il se murmure que des rencontres mythiques pouvaient advenir au cours de cette période entre certains humains et des êtres fabuleux issus du sidh… Beaucoup de belles histoires ont jailli de ce creuset, qui brillent encore au front de la légende, et il en reste certainement tout autant à écrire…
Ca donne envie de s’en remettre à la plume :-)…
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doigt de miel
La sirène et le homard
février 1788
Accoudé au bastingage du HMS Supply le capitaine Henry Lidgbird Ball observait la silhouette massive des deux monts de basalte qui s’élevaient sous le ciel étoilé. L’île qu’il venait de découvrir n’était pas bien grande, quelques miles de long à peine, mais fertile et accueillante, seulement peuplée de myriades d’oiseaux marins et de tortues qui s’étaient laissé attraper sans difficulté au cours de leur reconnaissance à terre. Il y avait également cette curieuse bestiole évoquant une langoustine qui aurait préféré vivre dans les branches des pins et des ficus plutôt que dans les eaux limpides du lagon, mais l’animal s’était avéré aussi inoffensif que son apparence était peu avenante.
C’était un bon endroit pour établir une nouvelle colonie pénitentiaire. Il aurait très bien pu y déposer la vingtaine de forçats enfermés dans les cales de son navire, la lie des bas-fonds londoniens que la couronne avait préféré expédier aux antipodes… Mais ceux-ci étaient d’ores et déjà attendus dans la toute nouvelle colonie des Iles Norfolk, à quelques centaines de miles plus au nord. Il reviendrait peut être un jour sur l’île pour y déposer une autre cargaison de bagnards, mais pour l’heure il lui tardait de reprendre la mer et voguer vers de nouvelles aventures, et peut être un jour trouver une terre aussi gigantesque que l’île-monde que son grand ami et néanmoins rival James Cook venait de découvrir quelques années plus tôt dans cette région du Pacifique.
Un clapotis attira son attention. il devina plus qu’il ne vit une masse silencieuse glisser dans le clair de lune en direction de l’île. Sans doute un lamantin, à moins que ce ne soit quelque sirène songea-t-il, soudain poète. Ce n’est que le lendemain qu’ils découvrirent le matelot Clarke ligoté dans la soute à voiles du navire. Cet idiot s’était laissé séduire par une des prisonnières, qui l’avait proprement assommé une fois leur commerce achevé avant de prendre la poudre d’escampette. Ils abandonnèrent leurs recherches sur l’île au bout de deux jours. Le matelot prit 40 coups de fouets et, pour l’exemple, fut enchaîné en lieu et place de celle qu’il avait laissé échapper et le vaisseau put enfin reprendre sa route vers sa destination initiale. L’île fut baptisée Lord Howe Island, et s’appelle toujours ainsi aujourd’hui.
Novembre 1920
Ah les maudits ! Le vieil homme laissa passer sa colère en s’épongeant le front. Deux ans ! Il avait suffi de deux ans pour changer la face de l’île. Il revoyait encore l’épave du Makambo fracassée sur les récifs au pied de Malabar Hill, les ballots de marchandises évacués des flancs éventrés du navire et… ces fichus rats noirs qui s’étaient aussitôt multipliés en dévorant tout sur leur passage. Le conseil de l’île avait décidé d’introduire des chouettes de Nouvelle Guinée pour les éliminer, ou à tout le moins les contrôler, mais il craignait qu’il ne soit déjà trop tard pour bon nombre d’espèces endémique de l’île. Disparues les grives, les gérygones et les étourneaux… Et pas le moindre homard des arbres à l’horizon depuis ce matin !
Sa besace vide pendait piteusement à sa ceinture. Il réalisa qu’il lui faudrait dorénavant utiliser d’autres appâts pour aller pêcher l’espadon, mais sa tristesse était plus profonde. C’était un élément du décor qui disparaissait, un fil qui le reliait au monde familier de ses jeunes années qui se rompait. Il s’approcha d’un ficus géant. Ils aimaient nicher là pendant les heures chaudes du jour, dans les cavités vermoulues du tronc et des racines aériennes. Un mouvement au sol attira son attention. Un rat ! Il tapa rageusement du pied et la bestiole s’eclipsa d’un bond dans les fourrés, abandonnant un homard en piteux état, qui tenta de s’éloigner en trainant une patte broyée derrière lui.
« Laisse la, s’il te plaît ». Il se retourna, interloqué. La jeune femme s’accroupit et tapota le sol du bout des doigts. Le homard darda un instant ses grandes antennes fauves vers elle, puis grimpa docilement sur le dos sa main. Elle lui sourit en le fixant de ses grands yeux lumineux. Des yeux qui lui étaient familiers, tout comme la perle noire suspendue au creux de ses jolis seins… Il revit le jour où il l’avait ramenée du fond du lagon, et offert à la belle inconnue qui vivait sur les hauteurs de Siren’s beach. La saveur de leurs ébats passionnés sous les forêts de Kentia du Mont Lidgbird lui revint en un instant… Sauf que… c’était il y a quarante ans, et que les années semblaient n’avoir eu aucune prise sur elle. Il eut un vertige et sentit ses jambes se dérober sous lui. Lorsqu’il se réveilla elle était partie. Il ne la revit plus jamais, pas plus qu’il ne revit de homard, et finit par se demander s’il n’avait pas simplement rêvé toute cette histoire.
Septembre 2008
Le guide pointa le doigt vers une minuscule tâche verte accrochée sur une arête de l’incroyable aiguille de basalte de la Pyramide de Ball jaillissant des flots de la mer de Tasman. C’est le seul buisson de l’île, fit il tandis que le zodiac longeait les murailles striées de guano. Il a poussé sur une petite cuvette permettant de stocker l’eau de pluie. C’est là qu’on les a trouvés. Des alpinistes avaient signalé la présence d’étranges créatures mortes sur l’île. On a tout de suite pensé que c’était eux mais comme ils ne sortent que la nuit il a fallu escalader la falaise au clair de lune pour les dénicher. Rendez-vous compte. Une espèce qu’on croyait éteinte depuis 80 ans ! Le feulement du moteur ne suffisait pas à masquer l’enthousiasme de sa voix. C’est la découverte du siècle !
C’est le plus grand phasme du monde. Un fossile vivant qui parcourait déjà la terre au temps des dinosaures. On en a recensé 24 sur l’île. Nous en avons prélevé quatre, dont deux qui sont morts presque aussitôt. Nous avons baptisé les deux survivants Adam et Eve, et… voici leur progéniture fit il en présentant fièrement un spécimen, qui devait bien mesurer 15 cm, au parterre de journalistes invités à l’université de Melbourne pour annoncer la redécouverte de Dryococelus australis, familièrement appelé le homard des arbres. La grosse brindille sur pattes perchée au bout de ses doigts semblait parfaitement indifférente à toute l’attention dont elle faisait l’objet. Quelqu’un veut le prendre ? Soyez sans crainte. Il est impressionnant mais parfaitement inoffensif. Une jeune femme de la Tribune de Genève s’avança et prit l’insecte géant sur sa main.
Est ce que vous avez des questions ? Un correspondant de l’Asahi Shimbun leva la main.
Est ce qu’on sait comment ils ont pu passer de L’ïle de Lord Howe à la Pyramide de Ball ?
Je vais vous dire, c’est un mystère. Il y a 23 km entre les deux sites et on suppose qu’ils ont pu faire le trajet accrochés à des oiseaux, ou dans une barque de pêcheurs, mais la vérité c’est qu’on n’en sait rien. Il y a aussi une légende qui dit que c’est une sirène qui a emporté la dernière femelle de l’espèce pour la mettre en sureté. En tout cas un des habitants de l’île nous a rapporté que son grand père lui racontait cette histoire quand il était enfant. C’est une belle histoire n’est-ce pas ?
Certes, songea la jeune femme en souriant tandis que le phasme promenait doucement ses antennes sur la perle noire suspendue à son cou gracile…
… Et en plus c’est une histoire vraie… (ou presque ;-)
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doigt de miel
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Quelque part au printemps…
Il y a des matins comme ça, où on sait que la journée sera belle dès qu’on va sur le perron pour boire son café ;-)
(elle le fut ;-)
.
Ps. J’écris moins ces jours ci, mais le blog de Heidi (qui vient de fêter son troisième printemps ;-) se poursuivra, même si je sais que c’est très tendance d’arrêter ces jours ci (suivez mon regard ;-)… et je n’oublie pas non plus la personne à qui je dois un billet ;-)
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Poetry…
Elle était ma muse et ma déesse
Ma boussole et mes points cardinaux
L’ultime nécessité de chaque chose
Passent les jours et passent les nuits
Et je prie pour que me soit accordée
La grâce de retrouver la belle Ondine
Elle danse dans les murmures de l’aube
Dans le chant des vagues et des ruisseaux
Dans la caresse de la brise sur les ramures
Elle est ma force et ma fragilité
Ma détresse et mon aspiration
Mon oriflamme et mon secret
Ce qui fut rompu peut il être renoué ?
Les fleurs peuvent elles éclore sous la lune ?
J’ai la foi, et je marche sur mon chemin
Guidé par quelques étoiles
Et le disque d’albâtre de la lune
Qui s’élève par delà les nuages…
.
Equinoxe à 3h08
Pleine lune à 11h17
___________________ doigt de miel
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Quand arrive le soir (3)
Ce blog a aujourd’hui deux ans… l’occasion pour moi de vous conter la suite du récit authentique de ma rencontre avec celle qui me convainquit un jour de l’ouvrir… L’épatante et sublissime Heidi Silicium….
Les premiers épisodes de cette saga alpestre datent de l’anniversaire précédent (bah oui, suis un gros sentimental ;-)… mais vous les trouverez sans peine ici et là ;-)… Pour résumer la situation j’étais en mission dans les alpes autrichiennes pour le compte d’un lointain cousin d’Amérique, et j’y avais rencontré une demoiselle assez étonnante, qui avait le don de faire naître en moi… euh… un certain émoi on va dire ;-)…
—————–
Quelques marches taillées dans le granit nous menèrent à une terrasse de mélèze qui longeait la maison. Parvenu là haut je ne pus m’empêcher de m’arrêter, soufflé par la beauté du paysage qui s’offrait à moi dans le chant cristallin d’un torrent qui dévalait à quelque distance de là. Il venait d’un glacier situé un peu plus haut, et actionnait trois roues à aube avant d’aller s’ébrouer en méandres rapides vers la forêt et la vallée située en contrebas. Je remarquais un léger voile de brume dorée qui semblait s’élever au dessus des arbres de la forêt
– Bien ! fit elle en se tournant vers moi. Tu as voulu me suivre et j’ai exaucé ton vœu. Maintenant c’est à ton tour de m’exaucer. Elle avait une voix pleine d’autorité, et je ne pus m’empêcher d’opiner du chef. Il faut dire que j’ai toujours été très sensible aux intonations… J’ai d’ailleurs eu une complice qui… mais c’est une autre histoire ;-)
– Tu vas me donner quelque chose de toi et en échange je te laisserai pénétrer dans cette demeure.
– Qu’aimeriez vous que je vous donne ?
– A toi d’en décider, fit elle en s’adossant à la porte dans la lumière du couchant… Et à moi de décider si le don est suffisant pour que je te fasse entrer ajouta-t-elle avec un sourire malicieux.
Après un temps de réflexion je déposai ma besace à ses pieds.
– Que contient elle ?
– Principalement des affaires de marche… Un imper, une couverture de survie, un couteau, un sifflet, une boussole, et bien sur mon téléphone portable…
– Le sifflet c’est pour donner l’alerte si jamais tu tombe dans un ravin ?
– Bah oui fis je en lui faisant un clin d’œil de connivence.
Elle secoua la tête d’un air amusé.
– Tsss, vous les mecs vous êtes vraiment impayables !!!… Tu m’as donné tout ce qui te permettrait de survivre en cas de coup dur en montagne… Que ferais tu si je décidais de te laisser passer la nuit dehors, à près de 3000 mètres d’altitude ?
– Le feriez vous ?
– A ton avis ?
L’ether de ses grands yeux noirs s’emplit de petites étincelles scintillantes… Oh oui, définitivement oui, elle en était capable ! Je baissai la tête et cette perspective me parut tout de suite nettement moins effrayante… Mais c’était peut être simplement la vue de ses jolis petits petons ;-)
– Mais de toute manière cela ne suffit pas pour que je te permette d’entrer chez moi, poursuivit elle. Qu’as-tu d’autre à me donner ?
– Mes clés de voiture et d’appartement ?
– Si ça peut te faire plaisir, mais que veux tu que j’en fasse ?…
– Mon appareil photo ?
– C’est mieux… Quoi encore ?
Il ne me restait plus que mes vêtements… Je me déshabillai sous son regard attentif, en faisant une pause une fois que je fus en slip et chapeau… espérant qu’elle m’épargnerait l’embarras de me retrouver tout nu devant elle.
– Tsss… fit elle avec une moue que je trouvais charmante.
J’ôtais le vêtement et me retrouvai dans le plus simple appareil, avec juste mon chapeau sur la tête… et mes mains croisées sur mon sexe. Elle vint se camper en face de moi.
– Pourquoi avoir gardé ce chapeau ? Tu y tiens donc tant que ça ?
– Oh oui !… il ne me quitte jamais.
Sa main se posa sur ma queue. Je sentis ses doigts agiles la circonvenir et l’enserrer dans leur étau doux et ferme, déclenchant une réaction immédiate de ma part. Elle me toisa derechef.
– Donne !
Ce fut comme si un dard me transperçait.
– Oui Mademoiselle, fis je d’une voix presque inaudible avant de lui tendre mon couvre-chef d’une main tremblante.
Comme vous avez une belle voix, ne pus je m’empêcher d’ajouter intérieurement.
Elle sourit comme si elle avait lu dans ma pensée, puis ouvrit la porte et pénétra dans la maison. Je lui emboitai le pas et la suivis à l’intérieur…
Dehors le soir tombait doucement sur la montagne.
(à suivre…)
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Ondine
De tout le pays des nymphes
Ondine était la plus délicieuse
Tous l’aimaient et l’admiraient
Gracile et joueuse sous le soleil
Amante joyeuse au clair de lune
Petite fée voltigeuse des étoiles
Oh, quelle étrange nostalgie
Que celle qui m’étreint la nuit
Du premier croissant de lune
Parfois son coeur se drapait
D’une mantille de détresse
Dont nul ne possédait la clé
Elle se retirait sur un rocher
Mystérieuse et mélancolique
Assoupie au creux d’un rêve
Oh, quelle étrange nostalgie
Que celle qui m’étreint le soir
Où la lune atteint son quart
Une nuit elle partit à jamais
Flèche projetée vers l’infini
Muse ailée de mes rêveries
Laissant pour tout sillage
Un nuage de poudre d’étoiles
Brillant comme de l’eau claire
Oh, quelle étrange nostalgie
Que celle qui m’étreint la nuit
Où la lune touche à son plein
Certaines nuits je vais encore
M’asseoir au rocher d’Ondine
J’y prie pour qu’elle revienne
J’ai cessé de me réveiller
Le corps suant et enfiévré
Dans mes draps trempés
Mais toujours c’est à Ondine
que me portent mes rêves
Lorsque la lune se lève
.
(Pleine lune à 7h18 ;-)
___________________ doigt de miel
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La menthe des fées
C’est arrivé un soir de fin d’été, alors que je me trouvais au pays de Heidi
Ce jour là elle m’avait demandé de l’accompagner lors d’une importante visite aux nymphes qui vivent sur les berges de l’altensee… Quel privilège elle m’avait fait là !… Bien sur c’était un peu intimidant de se promener vêtu d’un simple pagne au milieu de toutes ces ravissantes créatures… Mais tel était le lot des garçons en ce joli pays… du moins aux beaux jours car en cette fin d’année c’est plutôt brrrr ;-)…
Il y avait cette belle jeune femme brune qui nageait dans les eaux d’émeraude du lac. Au début j’ai cru que c’était une sirène comme on en voit parfois depuis les rives, mais j’ai vite compris ma méprise lorsqu’elle est sortie de l’eau dans le plus simple appareil et s’est allongée sur un rocher pour se sécher au soleil. J’étais subjugué par sa beauté et n’ai pas pu m’empêcher d’en concevoir une certaine raideur ;-)… Elle n’en a rien remarqué… ou peut être simplement était elle indifférente à mon émoi, contrairement aux deux nymphes qui se sont esclaffées en pointant la bosse qui soulevait mon vêtement… En temps normal j’aurais été gêné, mais là ça m’a simplement fait sourire… peut être car la culpabilité n’existe tout simplement pas sur ce bel alpage…
Lorsque les feux du soleil se sont abaissés sur l’horizon la belle inconnue s’en est allée. Je l’ai regardée, des étoiles plein les yeux, s’éloigner de sa belle démarche féline et souple en direction de la forêt
Au crépuscule Heidi m’a envoyé aider à dresser les tables du festin avec d’autres garçons. J’étais très fier d’arborer un collier frappé à sa marque et j’ai fait en sorte de lui faire honneur… Mais il me semble que mes confrères étaient à peu près tous dans le même état d’esprit ;-). Il y avait une curieuse allégresse dans l’air, comme une grande vibration de plaisir qui montait au fur et à mesure que la nuit tombait…
Lorsque la première étoile s’est allumée nous avons vu approcher trois jeunes femmes vêtues de blanc. Chacune portait une torche… Elles ont allumé le bûcher que nous avions disposé au centre d’une clairière entourée de tables que nous avions chargées de corbeilles de fruits odorants, de fleurs fraiches et de coupes d’argent destinés aux convives de l’événement qui se préparait. La vibration de plaisir que j’avais ressenti depuis mon arrivée s’est amplifiée.
Les nymphes arrivaient en masse de la forêt. Elles se disposèrent par groupes joyeux de 7 ou 8 personnes rassemblées auprès des tables… Toutes semblaient attendre quelque chose… ou quelqu’un… Heidi me fit signe de la rejoindre à sa tablée et je me postais à côté d’elle, un pas en retrait. L’air tiède était chargé d’étranges effluves qui évoquaient un peu la menthe poivrée…
Un flambeau apparut au sommet d’une colline, puis un autre, et un autre encore. Ils descendirent vers nous en une longue procession entourant un palanquin porté par 4 elfes splendides. Elles étaient toutes là, les fées de la forêt, menées par Titania en personne. Même la mystérieuse Hiroko était présente, ce qui était dire toute l’importance de l’événement. Elles entrèrent dans le cercle des tablées comme dans un rêve, en faisant surgir un halo de lumière poudreuse dans leur sillage. Elles s’arrêtèrent devant une immense souche d’arbre taillée en plateau et gravée de runes mystérieuses.
La Dame qui m’avait tant ému au cours de l’après midi les attendait debout, fièrement dressée de l’autre côté de la souche. Les elfes déposèrent délicatement le palanquin devant elle. L’odeur de menthe poivrée était à présent à son comble et embaumait l’atmosphère. Je compris soudain qu’elle provenait du bouquet de plantes aux feuilles bleutées posées sur le palanquin.
Titania s’avança vers la Dame et tendit la main vers le bouquet niché dans un écrin de soie grège de couleur émeraude. « Voici la menthe des fées qui ne pousse qu’entre les roches du haut plateau. C’est lady D qui l’a récoltée et apprêtée par une nuit de pleine lune, et c’est Némésis qui a préparé le bouquet comme le veut le rituel. Nous les fées te l’offrons afin que tu en fasses bon usage lorsque tu entameras ton grand œuvre »
La Dame s’inclina profondément et remercia solennellement les fées d’une voix haute et claire. Elle défit le fil d’or qui maintenait le bouquet et prit une branche qu’elle mit à tremper dans un chaudron posé sur un petit brasero. Une abondante fumée laiteuse s’en éleva aussitôt. J’eus un mouvement de recul mais Heidi me dit qu’il n’y avait rien à craindre.
C’était heureux car déjà le nuage retombait sur nous en fines gouttelettes de particules odorantes et rafraichissantes. Une paix profonde m’envahit au fur et mesure que le philtre dénouait chaque parcelle de mon être. Je me sentais léger, et calme, et gai, avec une envie croissante de rire et de faire la fête… Une très forte envie aussi de baiser les jolis pieds de Heidi. Ca la fit sourire… Plus tard me souffla t elle en m’aidant à me relever… C’était amusant car je ne me souvenais absolument plus à quel moment j’étais tombé à genoux à ses pieds ;-). J’eus à peine le temps d’embrasser son cou de pied ;-).
Un roulement de tambours monta de la forêt toute proche… donnant le signal des agapes… Les fées s’élancèrent les premières autour du feu, lorsque le son des flûtes s’éleva à son tour. Heidi ne tarda pas à les rejoindre et je restais quelques instants seul à m’émerveiller du spectacle de leur farandole enchantée, jusqu’à ce qu’une main m’agrippe au passage et m’entraine mon tour dans le cercle tourbillonnant autour du feu de joie.
Tout s’estompa en une folle sarabande. Je me sentais comme une petite goutte d’eau entrainée dans un joyeux torrent. Seuls les frôlements de mains, de cheveux et l’impression de rebondir sur le sol à chaque fois que mes pieds touchaient le sol d’herbe élastique venaient parfois me rappeler que je demeurais un être singulier au milieu de cet enchantement de formes dansantes.
J’aperçus des silhouettes qui s’enlaçaient et s’embrassaient… Heidi avait grimpé sur les épaules d’un des porteurs de palanquin… Quelqu’un attrapa ma main. C’était une des nymphes qui s’étaient moquées de mon excitation dans l’après-midi… Bientôt rejointe par sa complice… Elles m’ont fait tourner, tourner, tourner en me fixant de leurs yeux rieurs jusqu’à ce que je ne sache plus distinguer ma gauche de ma droite… Puis elles m’ont entrainé hors du cercle, et lâché les mains. Je m’affalais aussitôt dans l’herbe tiède en riant, et restais un long moment les yeux fermés le temps que le roulis s’apaise.
Lorsque je les rouvris je vis la Dame brune qui me dominait de toute sa haute stature.
– Hé toi, me fit elle en posant son pied sur mon torse, si tu crois que je ne t’ai pas remarqué cet après midi…
Je préfère jeter un voile pudique sur ce qui m’arriva ensuite, mais toujours est il qu’elle m’a demandé ce qui me ferait plaisir lorsqu’elle en eut fini avec moi.
– Juste votre prénom… soufflais je encore tout sonné de jouissance…
Elle me l’a chuchoté à l’oreille… en m’interdisant de jamais le révéler à personne… Mais je n’oublierais jamais ce que j’ai ressenti au petit jour lorsque je l’ai vue s’envoler vers le nord sur un chariot tiré par des rennes…
Plus tard Heidi m’a expliqué que la menthe des fées est un ingrédient essentiel du philtre qu’elle élabore la nuit du solstice avant d’aller le disperser par monts et par vaux quelques jours plus tard… et créer cette douce vibration de joie qui enfle dans l’air au tournant de l’année, lorsque les jours recommencent à rallonger.
.
;-)
___________________ doigt de miel
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Coup de chaleur (2)
(si vous avez raté le début le premier épisode est là)
J’avais chaud, très chaud… Il y avait des rires et des tambours tout autour de moi, et je pouvais discerner les crépitements d’un feu de bois… mais pourquoi faisait-il donc si noir ? Je réalisai que j’avais les yeux bandés, et les poignets attachées au dessus de ma tête. Des doigts vinrent effleurer mon torse nu et descendirent vers…
Je me suis réveillé pile à l’instant où ils allaient toucher ma queue… raide…
L’alpage était toujours désert, mais de grands nuages en forme de chou-fleur avaient éclos dans le ciel pendant ma sieste. Je n’ai pas vu tout de suite qu’il y avait une jeune femme qui m’observait. Etait ce moi qui étais trop troublé par ce rêve étrange, ou elle qui venait d’apparaître par magie sous mes yeux ?
Elle avait des cheveux blonds et plusieurs anneaux d’argent à chaque oreille. Des yeux de jais, comme des joyaux posés sur l’écrin de son visage, et une petite émeraude en mouche au coin de la bouche. J’ai fondu comme un sucre, et les premières paroles qu’elle prononça resteront à jamais gravées dans mon esprit.
– Les fleurs peuvent elles éclore sous la lune ?
– Hein ?… Mais je ne me suis jamais posé la question.
– C’est une question importante pourtant. Puis je savoir ce qui t’amène ici ?
Je lui expliquais. C’était bien elle. Heidi Silicium.
– Ainsi ce vieux Charles Ingalls s’est mis à la généalogie. Quand je pense qu’il s’était fait mormon juste pour décrocher le rôle… Quel âne ! Je l’avais prévenu pourtant.
Je lui remis l’enveloppe, qu’elle glissa dans sa besace sans même y jeter un oeil.
– Merci. Tu ferais bien de redescendre avant qu’il ne pleuve, et il me faut partir.
– Je peux rester avec vous ?
Je me demande encore aujourd’hui ce qui m’a pris. Les mots avaient fusé tous seuls, comme animés d’une vie propre. Elle me jaugea d’un regard qui me laissa curieusement désarmé
– Pourquoi je ferais ça ?
– Je vous en prie. J’aimerais tant vous connaître.
Elle esquissa un sourire, fit quelque pas et se retourna pour me faire signe de la suivre. Je ramassais mon sac et mon chapeau en toute hâte.
– Reste bien derrière moi surtout. Tu te perdrais à jamais si tu t’écartais du sentier.
Quelque chose dans sa voix me suggéra qu’elle ne plaisantait pas… Et tout semblait si étrange en ce lieu, à commencer par elle… Elle allait d’un pas sûr et gracile dans l’herbe de plus en plus rase, et je ne pus m’empêcher de reluquer ses fesses qui se balançaient sous la toile kaki de son pantalon. Une très jolie demoiselle. Assurément.
Bah oui… j’ai toujours eu un p’tit côté contemplatif…
Ma méditation fut perturbée par un météore qui fendit le ciel. Je m’arrêtais pour observer ce phénomène qui ne semblait nullement impressionner ma bienfaitrice.
– Ne t’en fais pas, il vient souvent ces derniers temps…
– Il !? Mais c’est qui il ?
Elle sourit tandis que « il » ralentissait à l’aplomb d’un bois situé en contrebas.
– Affaire de fées… Il ne fait pas bon pour les humains de s’en mêler.
– Des fées ? Mais…
– Shhht. Passe devant à présent… J’en ai assez de ton regard lubrique sur mes hanches.
Cette remarque me fit l’effet d’une gifle. J’ai rougi, et carrément viré à l’écrevisse en passant devant elle. Je voulus m’excuser mais je devais être fâché avec les mots car cette fois ci ils refusèrent obstinément de franchir mes lèvres… J’avais les joues en feu, et les jambes un peu… beaucoup… trop… flageolantes. Je titubais en marchant.
Le sentier grimpait vers une maison qui semblait se fondre dans un énorme rocher situé à la limite supérieure de la végétation. Elle était entourée d’une terrasse en bois surmontée de larges baies vitrées donnant sur la vallée. Des roues à aubes s’ébrouaient joyeusement dans les eaux du torrent… mais je les remarquais à peine. J’étais bien trop troublé par cette jeune femme. Le feu de mes joues s’était mué en une douce chaleur qui s’écoulait à travers mon corps, comme dans mon rêve.
Ce n’était pas désagréable comme sensation… ;-).
(à suivre…)
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L’alpage (1)
Aujourd’hui ça fait pile un an que j’ai commencé ce blog, et pour l’occasion je vous offre… le récit authentique de ma rencontre avec celle qui en fut l’instigatrice, la surprenante, la troublante et l’envoutante Mademoiselle Heidi Silicium.
Tout a commencé il y a 5 ans, le jour où j’ai reçu un coup de fil d’un certain Charles I, un cousin éloigné issu d’une branche de la famille qui avait émigré en 1740 vers la côte est d’un immense territoire qui ne s’appelait pas encore les Etats-Unis d’Amérique.
Leurs descendants étaient devenus mormons, et vivaient dans une prairie. Sur le coup ça m’avait fait tout bizarre… et je m’étais demandé si je n’avais pas affaire à une méthode sophistiquée de prosélytisme… Mais ce monsieur cherchait simplement des informations généalogique, et j’ai fini par aller faire quelques recherches pour lui dans les registres d’état civil du coin… Mais c’est une autre histoire.
L’an dernier il m’a demandé si je pouvais délivrer en mains propres un message important à une de ses amies. Elle vivait dans les Alpes autrichiennes, loin de toute connexion internet, mais pas trop de la frontière helvétique… Ce n’était qu’à quelques heures de route et je m’étais dit que ça me ferait une bonne occasion pour aller prendre l’air. Bah oui, je kiffe bien la rando comme on dit ;-)
Et me voilà donc en train de crapahuter le long d’un torrent dans le Vorarlberg… Et de me demander dans quel drôle d’endroit étrange je me trouvais. Je suis sensible aux vibrations de certains lieux… et celui-ci en crépitait carrément. Il y avait aussi ces drôles de cairns régulièrement érigés sur les abords du chemin et même sur les rochers de la rivière. Tout avait l’air plus brillant qu’ailleurs, comme si l’air était plus transparent.
Le chemin zigzaguait entre des arbres tortueux qui firent rapidement place à des conifères dont l’écorce m’évoqua des carapaces de tortues. Les pentes tapissées de pelouse rase s’ornèrent peu à peu d’ilots de fougères, bientôt rejoints par des coulées de framboisiers sauvages s’étirant paresseusement sur de grands archipels de roche affleurante.
J’apercevais le bleu du ciel entre les fûts des arbres… De plus en plus proche. Un dernier lacet et la forêt s’ouvrit sur un alpage d’un beau vert éclatant. Là haut, à plus de 2000 mètres d’altitude le ciel semblait plus proche, peut être à cause de sa couleur tirant sur le bleu roi.
La prairie s’élevait en pente douce vers un grand arbre situé sur un épaulement joliment incurvé. Mon cousin d’Amérique m’avait dit qu’elle habitait près de la source du torrent, et j’espérais voir son habitation du haut de cette crête… Mais il n’y avait rien ni personne, si ce n’est une autre crête située un peu plus haut… comme souvent lorsque l’on fait de la rando d’ailleurs.
Il n’était pas encore midi, et j’avais tout mon temps pour la trouver. Je me suis installé contre le tronc et ai posé mon chapeau australien près de moi pour profiter des rayons du soleil à son zénith. La température était idéale, avec un doux zéphyr soufflant du sud, berçant mon visage inondé de lumière. Je ne tardais pas à m’endormir.
(à suivre…)
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Tranches de printemps
Elle…
Je me suis levée, comme toujours, avant l’aurore. J’ai bu un café brûlant dans le jardin d’hiver en regardant le ciel s’éclaircir le long des crêtes. C’est amusant, ici ce sont toujours les pics qui se dénudent en premier lorsque la neige se met à refluer. On dirait des bourgeons de pierre transperçant le blanc manteau de l’hiver. Je lave mon bol comme une grande fille… Il faut savoir faire les choses soi même. C’est une bonne façon de rester simple, et j’ai d’autres jeux en tête pour le garçon qu’Ondine m’a confié pour quelques semaines.
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Lui…
Je suis parti au petit matin, la lune glissait majestueusement à travers l’aurore. J’ai filé vers l’ouest à travers des prairies gelées, avec une petite pensée pour une blogueuse lorsque je suis passé du côté de Metz ;-). Le printemps est devenu perceptible au sud ouest de Paris, lorsque les arbres ont commencé à se recouvrir d’une fine mousse de bourgeons qui teintaient leurs branches dénudées de jolis reflets d’émeraude. Le thermomètre affichait un beau 14°. J’ai eu une pensée pour une blogueuse… une autre :-)…
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Elle…
Je suis passée dans la grange avant de sortir. Il travaillait déjà sur le vieux métier à tisser, le visage béat. Il me fait penser à un Ulysse qui aurait rompu les liens de son mât, envoûté, plongé dans une bulle enchantée. Ondine me dit qu’elle n’y peut rien, que c’est dans sa nature de fée, mais je m’étonnerais toujours des océans d’extase dans lesquels elle parvient à immerger ses affidés. Ca les rend parfois un peu idiots, mais aussi très doux et très dévoués. Le murmure de la montagne a encore grandi depuis ma promenade d’hier, aussi beau et limpide à présent qu’une sonate de Jean-Sébastien Bach. Je guette le signal. Je sais qu’il ne tardera plus.
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Lui…
Les arbres se couvrent d’une résille qui masquera bientôt les boules de gui qui pendent par dizaines à leurs branches. J’arrive à la croisée des noms qui font rêver… Brest, Lorient, Saint Malo… Une fois n’est pas coutume je pique au sud et, vers Brocéliande, me laisse envelopper par la douceur d’un air floral à 18° que mon corps n’a pas connu depuis une éternité. Un petit papillon jaune fait de joyeuses acrobaties entre les premières fleurs, un rouge gorge pousse sa chansonnette de branche en branche. Au loin des éoliennes. Je ne connais pas de blogueuse dans le coin (s’il y en a une qu’elle se manifeste avant mon départ ;-)
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Elle…
Le signal est apparu au cours de la nuit… La vie a repris son cours dans l’alpage. Je retire mes vêtements et m’avance nue vers l’onde limpide pour lui dire ma joie, et mon amour pour tout ce qui vit d’ici à l’embouchure du fleuve. Je rentre, les yeux emplis de prairies fleuries, et retrouve le chalet couvert de roses. Le garçon a fini son ouvrage pendant ma promenade. Un joli calicot tissé qu’il a étendu sur la façade pour célébrer le retour du printemps… C’est tellement adorable… Envie de jouer avec lui, là, tout de suite, dans la neige, avec les roses pour toile de fond… Il pourra toujours me faire mon soin plus tard… quand il aura récupéré ;o).
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Lui…
Je traverse l’estran avec mon pain sous le bras. Sur la plage une pirogue entourée de canots monte et descend au gré des marées, séparée de la maison par un jardin qui m’invite au naturisme. Joie de marcher pieds nus dans l’herbe. Le sable de la côte océane est plus frais… Content de m’être installé sur cette petite mer intérieure et enchanteresse. Le chemin se déroule, souple sous mes pas. Les sensations se succèdent et forment d’étranges tableaux où s’entremêlent la mer, les herbes de Provence et l’odeur des roses… Les filles sont belles et souriantes, j’ai les sens qui bourgeonnent… Printemps…
(avec la participation exceptionnelle de Miss Heidi Silicium :-)
___________________ Heidi Silicium
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