Category Archives: Au pays de Heidi Silicium

D’une dragonne…

C’est amusant comme certaines rencontres s’inscrivent dans le temps et la densité.

Qui eut cru qu’on deviendrait amis le jour où j’ai rencontré cette délicieuse jeune femme ? C’était même plutôt mal parti… Ce soir là je m’étais surtout demandé qui était ce dragon habillé en Pocahontas qui m’avait explosé au nez sans préavis pendant que je papotais avec un ami.

Qui eut cru que je serai son témoin de mariage quelques années plus tard ? Et que, plus tard encore, après qu’elle ait repris sa liberté, j’aurai la joie et le privilège de l’encorder un soir au retour d’un restau ? Qui eut cru que ce serait un de mes plus beaux moments de cordes ? Le genre qui laisse des traces…

;-)

La belle a retrouvé un compagnon peu après ce shooting, qui date d’il y a quelques mois déjà. On n’en a pas parlé, mais connaissant sa vision du couple il me semble que ça la mettrait mal à l’aise que je continue à l’attacher, et s’il y a bien une chose que je veux éviter c’est qu’elle se sente mal à l’aise.

On a partagé beaucoup de jolies choses, à commencer par un certain nombre de soirées aussi mémorables que copieusement arrosées ;-)… Beaucoup de confidences aussi, dans la joie comme dans la peine, et dans l’émotion parfois… C’est elle encore qui m’a déverg… initié aux rencontres en lignes, bien avant l’apparition du blog de Heidi… Je me souviens du jour où elle m’a montré comment ouvrir un compte en ligne… Je ne sais plus comment on avait trouvé « doigt de miel » au moment de choisir un pseudo, mais… quelle bonne pioche ! ;-)

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Je trouve juste, et amusant, de lui rendre hommage au moment où je m’apprête à changer de pseudo… parce que c’est mon dernier billet estampillé « doigt de miel », parce qu’il y a des choses qui changent et que c’est bien ainsi…

Il y a également des choses qui demeurent… Alors merci Dragon de Miel, pour ces moments et pour tous les autres, et au plaisir de nos prochains partages quels qu’ils soient :-)

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Là où les rivières se meurent

C’est le lieu où l’eau se perd dans la terre

C’est une fraîcheur spéciale dans l’air

C’est une allée tapissée de glaise

C’est une charogne qui fond sous la roche

C’est un rêve qui s’estompe et s’effiloche

C’est l’ombre qui tombe dans la fournaise

C’est l’empreinte de Sa langue impitoyable

C’est Sa griffe chatoyante et insaisissable

Sculptrice pulchritudinale sépulcrale
 Dont l’entaille demeure et demeurerait

Quand bien même toute vie s’arrêterait

Jusqu’à ce que la terre se referme

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Pris dans la falaise, un arbre attend

Son Heure

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Pleine lune à 3h38

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The dreamcatcher…

C’était il y a quelques semaines. Je me baladais à flanc de falaise sur des sentiers improbables où personne ne va jamais… J’aime beaucoup les lieux où personne ne va jamais… Ou presque…

Tout était exactement comme sur les photos. Je n’ai touché à rien… absolument à rien…


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J’ai laissé une offrande en partant… mais je ne vous dirai pas où… Et puis aussi, quelque chose m’a épouvanté dans ce lieu… mais je ne vous dirai pas quoi… simplement qu’avec le recul la peur s’est estompée. J’ai réalisé – je réalise – que désirer quelque chose revient, d’une certaine manière, à désirer son contraire… Je ne suis pas certain de le comprendre pleinement… un truc d’alchimiste je crois… Quelque chose que je devine à la lisière de mon âme, aux frontières du verbe…

C’est curieux qu’en y repensant aujourd’hui ça m’évoque ces mots de Gaston Bachelard,
« Aux matières originelles où s’instruit l’imagination matérielle sont attachées des ambivalences profondes et durables. Et cette propriété psychologique est si constante qu’on peut en énoncer, comme une loi primordiale de l’imagination, la réciproque : une matière que l’imagination ne peut faire vivre doublement ne peut jouer le rôle psychologique de matière originelle. Une matière qui n’est pas l’occasion d’une ambivalence psychologique ne peut trouver son double poétique qui permet des transpositions sans fin. Il faut donc qu’il y ait double participation – participation du désir et de la crainte, participation du bien et du mal, participation tranquille du blanc et du noir – pour que l’élément matériel attache l’âme entière »
(In « L’eau et les rêves »)

Un jour j’irai passer une nuit là bas… Une nuit de pleine lune… :-)…

<3

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Un conte de Halloween…

J’ai toujours adoré ce joli conte, visuel et sonore, qui m’évoque étrangement l’ambiance d’Halloween… ce doit être pour ses tons orangés, je suppose… Et puis j’ai toujours bien aimé les contes aussi… On dit que ce sont des histoires pour enfants, mais justement, il y a beaucoup de choses dans les histoires pour les enfants…

J’aime bien Halloween également. L’ancien samain des celtes… Autrefois cette fête marquait l’ouverture d’une nouvelle année, elle symbolisait le passage et le renouveau. La fête était bien plus longue, et bien plus significative également qu’en notre triste époque. Elle s’étirait alors sur 7 jours et 7 nuits, et il se murmure que des rencontres mythiques pouvaient advenir au cours de cette période entre certains humains et des êtres fabuleux issus du sidh… Beaucoup de belles histoires ont jailli de ce creuset, qui brillent encore au front de la légende, et il en reste certainement tout autant à écrire…

Ca donne envie de s’en remettre à la plume :-)…

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La sirène et le homard


février 1788
Accoudé au bastingage du HMS Supply le capitaine Henry Lidgbird Ball observait la silhouette massive des deux monts de basalte qui s’élevaient sous le ciel étoilé. L’île qu’il venait de découvrir n’était pas bien grande, quelques miles de long à peine, mais fertile et accueillante, seulement peuplée de myriades d’oiseaux marins et de tortues qui s’étaient laissé attraper sans difficulté au cours de leur reconnaissance à terre. Il y avait également cette curieuse bestiole évoquant une langoustine qui aurait préféré vivre dans les branches des pins et des ficus plutôt que dans les eaux limpides du lagon, mais l’animal s’était avéré aussi inoffensif que son apparence était peu avenante.

C’était un bon endroit pour établir une nouvelle colonie pénitentiaire. Il aurait très bien pu y déposer la vingtaine de forçats enfermés dans les cales de son navire, la lie des bas-fonds londoniens que la couronne avait préféré expédier aux antipodes… Mais ceux-ci étaient d’ores et déjà attendus dans la toute nouvelle colonie des Iles Norfolk, à quelques centaines de miles plus au nord. Il reviendrait peut être un jour sur l’île pour y déposer une autre cargaison de bagnards, mais pour l’heure il lui tardait de reprendre la mer et voguer vers de nouvelles aventures, et peut être un jour trouver une terre aussi gigantesque que l’île-monde que son grand ami et néanmoins rival James Cook venait de découvrir quelques années plus tôt dans cette région du Pacifique.

Un clapotis attira son attention. il devina plus qu’il ne vit une masse silencieuse glisser dans le clair de lune en direction de l’île. Sans doute un lamantin, à moins que ce ne soit quelque sirène songea-t-il, soudain poète. Ce n’est que le lendemain qu’ils découvrirent le matelot Clarke ligoté dans la soute à voiles du navire. Cet idiot s’était laissé séduire par une des prisonnières, qui l’avait proprement assommé une fois leur commerce achevé avant de prendre la poudre d’escampette. Ils abandonnèrent leurs recherches sur l’île au bout de deux jours. Le matelot prit 40 coups de fouets et, pour l’exemple, fut enchaîné en lieu et place de celle qu’il avait laissé échapper et le vaisseau put enfin reprendre sa route vers sa destination initiale. L’île fut baptisée Lord Howe Island, et s’appelle toujours ainsi aujourd’hui.

Novembre 1920
Ah les maudits ! Le vieil homme laissa passer sa colère en s’épongeant le front. Deux ans ! Il avait suffi de deux ans pour changer la face de l’île. Il revoyait encore l’épave du Makambo fracassée sur les récifs au pied de Malabar Hill, les ballots de marchandises évacués des flancs éventrés du navire et… ces fichus rats noirs qui s’étaient aussitôt multipliés en dévorant tout sur leur passage. Le conseil de l’île avait décidé d’introduire des chouettes de Nouvelle Guinée pour les éliminer, ou à tout le moins les contrôler, mais il craignait qu’il ne soit déjà trop tard pour bon nombre d’espèces endémique de l’île. Disparues les grives, les gérygones et les étourneaux… Et pas le moindre homard des arbres à l’horizon depuis ce matin !

Sa besace vide pendait piteusement à sa ceinture. Il réalisa qu’il lui faudrait dorénavant utiliser d’autres appâts pour aller pêcher l’espadon, mais sa tristesse était plus profonde. C’était un élément du décor qui disparaissait, un fil qui le reliait au monde familier de ses jeunes années qui se rompait. Il s’approcha d’un ficus géant. Ils aimaient nicher là pendant les heures chaudes du jour, dans les cavités vermoulues du tronc et des racines aériennes. Un mouvement au sol attira son attention. Un rat ! Il tapa rageusement du pied et la bestiole s’eclipsa d’un bond dans les fourrés, abandonnant un homard en piteux état, qui tenta de s’éloigner en trainant une patte broyée derrière lui.

« Laisse la, s’il te plaît ». Il se retourna, interloqué. La jeune femme s’accroupit et tapota le sol du bout des doigts. Le homard darda un instant ses grandes antennes fauves vers elle, puis grimpa docilement sur le dos sa main. Elle lui sourit en le fixant de ses grands yeux lumineux. Des yeux qui lui étaient familiers, tout comme la perle noire suspendue au creux de ses jolis seins… Il revit le jour où il l’avait ramenée du fond du lagon, et offert à la belle inconnue qui vivait sur les hauteurs de Siren’s beach. La saveur de leurs ébats passionnés sous les forêts de Kentia du Mont Lidgbird lui revint en un instant… Sauf que… c’était il y a quarante ans, et que les années semblaient n’avoir eu aucune prise sur elle. Il eut un vertige et sentit ses jambes se dérober sous lui. Lorsqu’il se réveilla elle était partie. Il ne la revit plus jamais, pas plus qu’il ne revit de homard, et finit par se demander s’il n’avait pas simplement rêvé toute cette histoire.

Septembre 2008
Le guide pointa le doigt vers une minuscule tâche verte accrochée sur une arête de l’incroyable aiguille de basalte de la Pyramide de Ball jaillissant des flots de la mer de Tasman. C’est le seul buisson de l’île, fit il tandis que le zodiac longeait les murailles striées de guano. Il a poussé sur une petite cuvette permettant de stocker l’eau de pluie. C’est là qu’on les a trouvés. Des alpinistes avaient signalé la présence d’étranges créatures mortes sur l’île. On a tout de suite pensé que c’était eux mais comme ils ne sortent que la nuit il a fallu escalader la falaise au clair de lune pour les dénicher. Rendez-vous compte. Une espèce qu’on croyait éteinte depuis 80 ans ! Le feulement du moteur ne suffisait pas à masquer l’enthousiasme de sa voix. C’est la découverte du siècle !

C’est le plus grand phasme du monde. Un fossile vivant qui parcourait déjà la terre au temps des dinosaures. On en a recensé 24 sur l’île. Nous en avons prélevé quatre, dont deux qui sont morts presque aussitôt. Nous avons baptisé les deux survivants Adam et Eve, et… voici leur progéniture fit il en présentant fièrement un spécimen, qui devait bien mesurer 15 cm, au parterre de journalistes invités à l’université de Melbourne pour annoncer la redécouverte de Dryococelus australis, familièrement appelé le homard des arbres. La grosse brindille sur pattes perchée au bout de ses doigts semblait parfaitement indifférente à toute l’attention dont elle faisait l’objet. Quelqu’un veut le prendre ? Soyez sans crainte. Il est impressionnant mais parfaitement inoffensif. Une jeune femme de la Tribune de Genève s’avança et prit l’insecte géant sur sa main.

Est ce que vous avez des questions ? Un correspondant de l’Asahi Shimbun leva la main.
Est ce qu’on sait comment ils ont pu passer de L’ïle de Lord Howe à la Pyramide de Ball ?
Je vais vous dire, c’est un mystère. Il y a 23 km entre les deux sites et on suppose qu’ils ont pu faire le trajet accrochés à des oiseaux, ou dans une barque de pêcheurs, mais la vérité c’est qu’on n’en sait rien. Il y a aussi une légende qui dit que c’est une sirène qui a emporté la dernière femelle de l’espèce pour la mettre en sureté. En tout cas un des habitants de l’île nous a rapporté que son grand père lui racontait cette histoire quand il était enfant. C’est une belle histoire n’est-ce pas ?
Certes, songea la jeune femme en souriant tandis que le phasme promenait doucement ses antennes sur la perle noire suspendue à son cou gracile…

… Et en plus c’est une histoire vraie… (ou presque ;-)

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Quelque part au printemps…

Il y a des matins comme ça, où on sait que la journée sera belle dès qu’on va sur le perron pour boire son café ;-)

(elle le fut ;-)

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Ps. J’écris moins ces jours ci, mais le blog de Heidi (qui vient de fêter son troisième printemps ;-) se poursuivra, même si je sais que c’est très tendance d’arrêter ces jours ci (suivez mon regard ;-)… et je n’oublie pas non plus la personne à qui je dois un billet ;-)

 

 

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Poetry…

Elle était ma muse et ma déesse
Ma boussole et mes points cardinaux
L’ultime nécessité de chaque chose

Passent les jours et passent les nuits
Et je prie pour que me soit accordée
La grâce de retrouver la belle Ondine

Elle danse dans les murmures de l’aube
Dans le chant des vagues et des ruisseaux
Dans la caresse de la brise sur les ramures

Elle est ma force et ma fragilité
Ma détresse et mon aspiration
Mon oriflamme et mon secret

Ce qui fut rompu peut il être renoué ?
Les fleurs peuvent elles éclore sous la lune ?
J’ai la foi, et je marche sur mon chemin

Guidé par quelques étoiles
Et le disque d’albâtre de la lune
Qui s’élève par delà les nuages…

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Equinoxe à 3h08

Pleine lune à 11h17

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Quand arrive le soir (3)

Ce blog a aujourd’hui deux ans… l’occasion pour moi de vous conter la suite du récit authentique de ma rencontre avec celle qui me convainquit un jour de l’ouvrir… L’épatante et sublissime Heidi Silicium….

Les premiers épisodes de cette saga alpestre datent de l’anniversaire précédent (bah oui, suis un gros sentimental ;-)… mais vous les trouverez sans peine ici et ;-)… Pour résumer la situation j’étais en mission dans les alpes autrichiennes pour le compte d’un lointain cousin d’Amérique, et j’y avais rencontré  une demoiselle assez étonnante, qui avait le don de faire naître en moi… euh… un certain émoi on va dire ;-)…

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Quelques marches taillées dans le granit nous menèrent à une terrasse de mélèze qui longeait la maison. Parvenu là haut je ne pus m’empêcher de m’arrêter, soufflé par la beauté du paysage qui s’offrait à moi dans le chant cristallin d’un torrent qui dévalait à quelque distance de là. Il venait d’un glacier situé un peu plus haut, et actionnait trois roues à aube avant d’aller s’ébrouer en méandres rapides vers la forêt et la vallée située en contrebas. Je remarquais un léger voile de brume dorée qui semblait s’élever au dessus des arbres de la forêt

– Bien ! fit elle en se tournant vers moi. Tu as voulu me suivre et j’ai exaucé ton vœu. Maintenant c’est à ton tour de m’exaucer. Elle avait une voix pleine d’autorité, et je ne pus m’empêcher d’opiner du chef. Il faut dire que j’ai toujours été très sensible aux intonations… J’ai d’ailleurs eu une complice qui… mais c’est une autre histoire ;-)

– Tu vas me donner quelque chose de toi et en échange je te laisserai pénétrer dans cette demeure.
– Qu’aimeriez vous que je vous donne ?
– A toi d’en décider, fit elle en s’adossant à la porte dans la lumière du couchant… Et à moi de décider si le don est suffisant pour que je te fasse entrer ajouta-t-elle avec un sourire malicieux.

Après un temps de réflexion je déposai ma besace à ses pieds.
– Que contient elle ?
– Principalement des affaires de marche… Un imper, une couverture de survie, un couteau, un sifflet, une boussole, et bien sur mon téléphone portable…
– Le sifflet c’est pour donner l’alerte si jamais tu tombe dans un ravin ?
– Bah oui fis je en lui faisant un clin d’œil de connivence.

Elle secoua la tête d’un air amusé.
– Tsss, vous les mecs vous êtes vraiment impayables !!!…  Tu m’as donné tout ce qui te permettrait de survivre en cas de coup dur en montagne… Que ferais tu si je décidais de te laisser passer la nuit dehors, à près de 3000 mètres d’altitude ?
– Le feriez vous ?
– A ton avis ?

L’ether de ses grands yeux noirs s’emplit de petites étincelles scintillantes… Oh oui, définitivement oui, elle en était capable ! Je baissai la tête et cette perspective me parut tout de suite nettement moins effrayante… Mais c’était peut être simplement la vue de ses jolis petits petons ;-)

– Mais de toute manière cela ne suffit pas pour que je te permette d’entrer chez moi, poursuivit elle. Qu’as-tu d’autre à me donner ?
– Mes clés de voiture et d’appartement ?
– Si ça peut te faire plaisir, mais que veux tu que j’en fasse ?…
– Mon appareil photo ?
– C’est mieux… Quoi encore ?

Il ne me restait plus que mes vêtements… Je me déshabillai sous son regard attentif, en faisant une pause une fois que je fus en slip et chapeau… espérant qu’elle m’épargnerait l’embarras de me retrouver tout nu devant elle.
– Tsss… fit elle avec une moue que je trouvais charmante.

J’ôtais le vêtement et me retrouvai dans le plus simple appareil, avec juste mon chapeau sur la tête… et mes mains croisées sur mon sexe. Elle vint se camper en face de moi.
– Pourquoi avoir gardé ce chapeau ? Tu y tiens donc tant que ça ?
– Oh oui !… il ne me quitte jamais.

Sa main se posa sur ma queue. Je sentis ses doigts agiles la circonvenir et l’enserrer dans leur étau doux et ferme, déclenchant une réaction immédiate de ma part. Elle me toisa derechef.
– Donne !
Ce fut comme si un dard me transperçait.
– Oui Mademoiselle, fis je d’une voix presque inaudible avant de lui tendre mon couvre-chef d’une main tremblante.

Comme vous avez une belle voix, ne pus je m’empêcher d’ajouter intérieurement.
Elle sourit comme si elle avait lu dans ma pensée, puis ouvrit la porte et pénétra dans la maison. Je lui emboitai le pas et la suivis à l’intérieur…

Dehors le soir tombait doucement sur la montagne.

(à suivre…)

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Ondine

De tout le pays des nymphes
Ondine était la plus délicieuse
Tous l’aimaient et l’admiraient

Gracile et joueuse sous le soleil
Amante joyeuse au clair de lune
Petite fée voltigeuse des étoiles

Oh, quelle étrange nostalgie
Que celle qui m’étreint la nuit
Du premier croissant de lune

 

Parfois son coeur se drapait
D’une mantille de détresse
Dont nul ne possédait la clé

Elle se retirait sur un rocher
Mystérieuse et mélancolique
Assoupie au creux d’un rêve

Oh, quelle étrange nostalgie
Que celle qui m’étreint le soir
Où la lune atteint son quart

 

Une nuit elle partit à jamais
Flèche projetée vers l’infini
Muse ailée de mes rêveries

Laissant pour tout sillage
Un nuage de poudre d’étoiles
Brillant comme de l’eau claire

Oh, quelle étrange nostalgie
Que celle qui m’étreint la nuit
Où la lune touche à son plein

 

Certaines nuits je vais encore
M’asseoir au rocher d’Ondine
J’y prie pour qu’elle revienne

J’ai cessé de me réveiller
Le corps suant et enfiévré
Dans mes draps trempés

Mais toujours c’est à Ondine
que me portent mes rêves
Lorsque la lune se lève

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(Pleine lune à 7h18 ;-)

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La menthe des fées

C’est arrivé un soir de fin d’été, alors que je me trouvais au pays de Heidi

Ce jour là elle m’avait demandé de l’accompagner lors d’une importante visite aux nymphes qui vivent sur les berges de l’altensee… Quel privilège elle m’avait fait là !… Bien sur c’était un peu intimidant de se promener vêtu d’un simple pagne au milieu de toutes ces ravissantes créatures… Mais tel était le lot des garçons en ce joli pays… du moins aux beaux jours car en cette fin d’année c’est plutôt brrrr ;-)…

Il y avait cette belle jeune femme brune qui nageait dans les eaux d’émeraude du lac. Au début j’ai cru que c’était une sirène comme on en voit parfois depuis les rives, mais j’ai vite compris ma méprise lorsqu’elle est sortie de l’eau dans le plus simple appareil et s’est allongée sur un rocher pour se sécher au soleil. J’étais subjugué par sa beauté et n’ai pas pu m’empêcher d’en concevoir une certaine raideur ;-)… Elle n’en a rien remarqué… ou peut être simplement était elle indifférente à mon émoi, contrairement aux deux nymphes qui se sont esclaffées en pointant la bosse qui soulevait mon vêtement… En temps normal j’aurais été gêné, mais là ça m’a simplement fait sourire… peut être car la culpabilité n’existe tout simplement pas sur ce bel alpage…

Lorsque les feux du soleil se sont abaissés sur l’horizon la belle inconnue s’en est allée. Je l’ai regardée, des étoiles plein les yeux, s’éloigner de sa belle démarche féline et souple en direction de la forêt

Au crépuscule Heidi m’a envoyé aider à dresser les tables du festin avec d’autres garçons. J’étais très fier d’arborer un collier frappé à sa marque et j’ai fait en sorte de lui faire honneur… Mais il me semble que mes confrères étaient à peu près tous dans le même état d’esprit ;-). Il y avait une curieuse allégresse dans l’air, comme une grande vibration de plaisir qui montait au fur et à mesure que la nuit tombait…

Lorsque la première étoile s’est allumée nous avons vu approcher trois jeunes femmes vêtues de blanc. Chacune portait une torche… Elles ont allumé le bûcher que nous avions disposé au centre d’une clairière entourée de tables que nous avions chargées de corbeilles de fruits odorants, de fleurs fraiches et de coupes d’argent destinés aux convives de l’événement qui se préparait. La vibration de plaisir que j’avais ressenti depuis mon arrivée s’est amplifiée.

Les nymphes arrivaient en masse de la forêt. Elles se disposèrent par groupes joyeux de 7 ou 8 personnes rassemblées auprès des tables… Toutes semblaient attendre quelque chose… ou quelqu’un… Heidi me fit signe de la rejoindre à sa tablée et je me postais à côté d’elle, un pas en retrait. L’air tiède était chargé d’étranges effluves qui évoquaient un peu la menthe poivrée…

Un flambeau apparut au sommet d’une colline, puis un autre, et un autre encore. Ils descendirent vers nous en une longue procession entourant un palanquin porté par 4 elfes splendides. Elles étaient toutes là, les fées de la forêt, menées par Titania en personne. Même la mystérieuse Hiroko était présente, ce qui était dire toute l’importance de l’événement. Elles entrèrent dans le cercle des tablées comme dans un rêve, en faisant surgir un halo de lumière poudreuse dans leur sillage. Elles s’arrêtèrent devant une immense souche d’arbre taillée en plateau et gravée de runes mystérieuses.

La Dame qui m’avait tant ému au cours de l’après midi les attendait debout, fièrement dressée de l’autre côté de la souche. Les elfes déposèrent délicatement le palanquin devant elle. L’odeur de menthe poivrée était à présent à son comble et embaumait l’atmosphère. Je compris soudain qu’elle provenait du bouquet de plantes aux feuilles bleutées posées sur le palanquin.

Titania s’avança vers la Dame et tendit la main vers le bouquet niché dans un écrin de soie grège de couleur émeraude. « Voici la menthe des fées qui ne pousse qu’entre les roches du haut plateau. C’est lady D qui l’a récoltée et apprêtée par une nuit de pleine lune, et c’est Némésis qui a préparé le bouquet comme le veut le rituel. Nous les fées te l’offrons afin que tu en fasses bon usage lorsque tu entameras ton grand œuvre »

La Dame s’inclina profondément et remercia solennellement les fées d’une voix haute et claire. Elle défit le fil d’or qui maintenait le bouquet et prit une branche qu’elle mit à tremper dans un chaudron posé sur un petit brasero. Une abondante fumée laiteuse s’en éleva aussitôt. J’eus un mouvement de recul mais Heidi me dit qu’il n’y avait rien à craindre.

C’était heureux car déjà le nuage retombait sur nous en fines gouttelettes de particules odorantes et rafraichissantes. Une paix profonde m’envahit au fur et mesure que le philtre dénouait chaque parcelle de mon être. Je me sentais léger, et calme, et gai, avec une envie croissante de rire et de faire la fête… Une très forte envie aussi de baiser les jolis pieds de Heidi. Ca la fit sourire… Plus tard me souffla t elle en m’aidant à me relever… C’était amusant car je ne me souvenais absolument plus à quel moment j’étais tombé à genoux à ses pieds ;-). J’eus à peine le temps d’embrasser son cou de pied ;-).

Un roulement de tambours monta de la forêt toute proche… donnant le signal des agapes… Les fées s’élancèrent les premières autour du feu, lorsque le son des flûtes s’éleva à son tour. Heidi ne tarda pas à les rejoindre et je restais quelques instants seul à m’émerveiller du spectacle de leur farandole enchantée, jusqu’à ce qu’une main m’agrippe au passage et m’entraine mon tour dans le cercle tourbillonnant autour du feu de joie.

Tout s’estompa en une folle sarabande. Je me sentais comme une petite goutte d’eau entrainée dans un joyeux torrent. Seuls les frôlements de mains, de cheveux et l’impression de rebondir sur le sol à chaque fois que mes pieds touchaient le sol d’herbe élastique venaient parfois me rappeler que je demeurais un être singulier au milieu de cet enchantement de formes dansantes.

J’aperçus des silhouettes qui s’enlaçaient et s’embrassaient… Heidi avait grimpé sur les épaules d’un des porteurs de palanquin… Quelqu’un attrapa ma main. C’était une des nymphes qui s’étaient moquées de mon excitation dans l’après-midi… Bientôt rejointe par sa complice… Elles m’ont fait tourner, tourner, tourner en me fixant de leurs yeux rieurs  jusqu’à ce que je ne sache plus distinguer ma gauche de ma droite…  Puis elles m’ont entrainé hors du cercle, et lâché les mains. Je m’affalais aussitôt dans l’herbe tiède en riant, et restais un long moment les yeux fermés le temps que le roulis s’apaise.

Lorsque je les rouvris je vis la Dame brune qui me dominait de toute sa haute stature.
– Hé toi, me fit elle en posant son pied sur mon torse, si tu crois que je ne t’ai pas remarqué cet après midi…

Je préfère jeter un voile pudique sur ce qui m’arriva ensuite, mais toujours est il qu’elle m’a demandé ce qui me ferait plaisir lorsqu’elle en eut fini avec moi.
– Juste votre prénom… soufflais je encore tout sonné de jouissance…
Elle me l’a chuchoté à l’oreille… en m’interdisant de jamais le révéler à personne… Mais je n’oublierais jamais ce que j’ai ressenti au petit jour lorsque je l’ai vue s’envoler vers le nord sur un chariot tiré par des rennes…

Plus tard Heidi m’a expliqué que la menthe des fées est un ingrédient essentiel du philtre qu’elle élabore la nuit du solstice avant d’aller le disperser par monts et par vaux quelques jours plus tard… et créer cette douce vibration de joie qui enfle dans l’air au tournant de l’année, lorsque les jours recommencent à rallonger.

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