Le voyage aux Pyrénées
fait partie de cette catégorie de films à la fois trop barrés pour toucher les foules et trop sages pour
s’adresser aux gros des troupes des milieux alternatifs…
Ben dame c’est qu’il se mérite au même titre qu’un col du GR10 ! Il faut se donner le temps de dépasser l’impression initiale de bricolage improbable pour entrer dans le monde enchanté des frères Larrieu et se laisser gagner progressivement par l’enthousiasme qui se dégage de cette fantaisie loufoque et décalée, imprégnée de bout en bout de bonne humeur, de poésie et d’un érotisme discret (quoique ;-) et jubilatoire… Un film parfait, donc, pour finir en beauté un chaud dimanche d’été avant de
rentrer chez soi sur une petit nuage, en rêvant de retour à la
nature…
C’est Heidi qui me l’avait conseillé bien sûr, dans un de ses derniers messages reçus par pigeon voyageur (merci d’ailleurs pour cette belle découverte)… Le plus étrange c’est qu’elle semblait au courant du contenu du film bien avant sa sortie… Et je me demande parfois si elle ne serait pas de mèche, d’une manière ou d’une autre, avec les auteurs du film…
Darroussin et Azema y forment un couple sympathique et névrosé qui a bien du mal a passer inaperçu… faut dire qu’une pipole nymphomane ça ne se rencontre pas tous les jours… du moins pas au pied de la brèche de Roland ;-). Mais ce sont, comme toujours chez les Larrieu, avant tout les Pyrénées qui sont la vraie vedette du film. Ce sont elles qui invitent au voyage, à la découverte et au dépassement de soi… Belles, sauvages, généreuses, majestueuses, capricieuses, à la fois douces et intimidantes, ce qui n’est d’ailleurs pas sans m’évoquer certaines complices de jeu ;-).
Sur leurs flancs, dans leurs gorges, dans leurs sous-bois l’on croisera toute une faune où se mêlent pêle-mêle un ours bulgare qui fait pipi debout, une taulière adepte de saut à l’élastique, un cuistot tibétain un tantinet chaman sur les bords, des journalistes locaux et loquaces, un spécialiste du massage au chocolat (j’en connais des qui iraient voir le film rien que pour ça ;-), des gardes forestiers adeptes de haïlle-technolodgy et un trio de curés païens emmenés par Philippe Katerine… Un film d’une liberté absolue, toujours plus haut sur la montagne, toujours plus excentrique, jusqu’à l’apogée, renversante et troublante, au même titre que les sommets, admirablement réfléchis dans les eaux limpides des lacs d’altitude.
Si vous êtes un tantinet contemplatif, si vous vous sentez une âme de poète épicurien, si vous appréciez les fantaisies capillotractées alors je ne saurais que trop vous recommander ce petit bijou drôle et sensible, visible partout en France mais dans de moins en moins de salles… à voir rapidement donc… :-).
5 Responses to Emouvons nous là haut