L’art de faire des bulles

Dans le SM il y a un temps pour chaque chose. Un temps pour le jeu et la recherche du plaisir, et un temps pour la convivialité et l’échange entre les participants.

Il arrive parfois que l’on oublie cette règle et il est devient alors difficile de voir clairement où s’arrête et où commence une séance dans le cadre d’une relation mêlant le SM avec d’autres éléments comme l’amitié, ou les sentiments amoureux. Ca peut avoir
des conséquences destructrices, tant pour le soumis, que pour le dominant, et endommager la relation.

Il me
semble qu’il convient de considérer une séance comme une zone anonyme
temporaire, une bulle éphémère isolée du temps et de l’espace, au sein de
laquelle les règles normales de la bienséance cessent momentanément de s’appliquer pour être remplacées par quelque chose de plus… ludique.

Les rituels
constituent une bonne façon de marquer le début d’une séance. On se prépare, physiquement, et psychologiquement à ce qui va suivre. De nature et de longueur
différentes ils varient infiniment au fil des fantaisies des participants. J’ai eu par exemple des
complices qui me demandaient de leur dresser une table avec des corbeilles de fruits,
du vin, et des bougies avant de me laver de pied en cap, à l’intérieur comme à
l’extérieur ;-). Ca me prenait une bonne heure, et ensuite j’allais les attendre, nu et à genoux, le dos tourné à la
porte du salon… Et je ne vous dis pas qui se tapait la vaisselle et le
rangement à la fin ;-)…

Il est parfois
malaisé de faire des rituels aussi élaborés, et ce peut aussi être un simple
détail qui marque le début de la séance : un mot de code ou, comme le
faisait une ancienne complice, le simple fait de fermer la porte de la pièce
dans laquelle nous nous trouvions à ce moment là, ce qui est une belle façon de
constituer physiquement une bulle autour de soi. Le jeu pouvait alors
commencer.

Bien sûr il
s’agit là de séances privées, et je ne saurais vous dire comment ça se passe en
soirée, n’ayant jamais eu l’occasion d’y participer… Même s’il se passe
beaucoup de choses dans la région… de l’autre côté du Rhin… Bah oui, la scène SM est beaucoup plus développée dans les pays de tradition germanique et anglo-saxonne qu’en France… Jamais trop compris pourquoi d’ailleurs…

La durée de
la séance reste à l’appréciation des protagonistes de ce bel art qu’est le SM, de
quelques heures à des journées entières. Pour ma part il m’arrive de rêver de
week-end SM, mais vu l’état d’épuisement dans lequel vous met parfois une simple
séance d’une heure il vaut peut être mieux commencer par expérimenter un peu avant de s’avancer plus loin ;-)… Il m’est arrivé une fois de rester
trois jours dans un donjon, mais la domination n’était pas permanente, loin de
là… et je ne sais pas si j’aurais pu le supporter sans pauses entre les séances. Ce fut une expérience plutôt excitante… forcément…
dans un environnement aussi stimulant ;-).

Dans tous
les cas il conviendra de prévoir un « safeword » constituant une
sorte de bouton d’arrêt d’urgence de la séance. Pour ma part j’utilise généralement
le mot « rouge ». D’anciennes complices me demandaient d’utiliser le mot « pitié »… Si je retrouve une Maîtresse régulière j’aimerais beaucoup employer le mot « grâce » qui me paraît
tout de même plus élégant que de demander pitié… Et il me semble qu’il y a
une forme de beauté dans le fait de demander grâce.

Il faut aussi prévoir un moyen de communication non verbal lorsque la personne ne peut pas parler… Tenir compte enfin du fait qu’un soumis cérébral aura naturellement tendance à repousser ses limites pour faire plaisir à sa Maîtresse… Et qu’il faut parfois savoir se montrer raisonnable et interrompre la séance même lorsque le soumis ne dit rien. Il m’est arrivé de me mettre en danger pour cette raison, et on ne répétera jamais assez l’importance de la sécurité dans ces domaines

C’est une vraie responsabilité de dominer. On prend en charge d’une personne qui se remet entre vos mains, et l’accident ne tient parfois qu’à un fil… Notamment en matière de bondage, et même lorsqu’ils ont l’air « simples ».

Il est bon enfin de se donner le temps d’échanger sur la séance… après avoir laissé passer un peu de temps pour « redescendre » sur terre… On se dit ce qui a
plu, ce qui a déplu, ce qui est à améliorer pour la fois suivante… Il importe d’être sincère quant à son ressenti, au risque, lorsque l’on est soumis, de déplaire. Ca permet
d’éviter beaucoup de malentendus pour la suite. En SM comme en tout l’absence de
communication est la chose la plus triste qui soit… Pour ma part j’ai souvent fait des comptes rendus par écrit jusqu’à présent mais plus je progresse et plus il me semble qu’il
vaut mieux le faire en direct, peut être aussi car j’en viens a
expérimenter des formes de relations plus complexes… Ou alors c’est juste moi
qui deviens idiot avec les années, ce qui n’est pas du tout exclu ;-).

MSN, ou le téléphone constituent de bons moyens, mais le plus sympa reste encore de le faire autour d’un
verre ou d’un diner. Bien sûr cela ne dispense pas de se fendre d’une jolie lettre manuscrite,
éventuellement calligraphiée à la plume, pour celle qui vient de vous offrir un très joli cadeau ;-).

Les technologies évoluent, mais les bonnes manières demeurent :-)

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Creative Commons License Heidi Silicium

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