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Il y a une douzaine d’années, aux premiers temps du blog de Heidi, j’étais tombé sur un magnifique téléscope en faisant les puces. C’était un appareil à réflecteur, fort impressionnant avec sa monture équatoriale et sa panoplie d’oculaires qui vont bien. Le genre dont j’avais souvent rêvé enfant devant le spectacle du ciel nocturne. Il était vendu à un prix considérable pour un marché aux puces. Je me souviens avoir voulu le négocier, mais devant l’inflexibilité du vendeur j’avais accepté de payer la somme demandée. C’était un peu cher certes, mais après tout c’était un rêve de gosse !
Je me souviens l’avoir ramené à la ferme familiale, tout fier de mon acquisition, et monté sur son trépied pour observer la lune, évidemment. J’ai vite déchanté ! Déjà la météo n’était pas favorable et la lune toute voilée par les nuages. C’était surtout difficile de viser juste, et quand d’aventure j’arrivais à pointer la mire dans la bonne direction voilà qu’aussitôt la lune se glissait hors du champs. C’est bien joli d’avoir une monture équatoriale, encore faut il savoir la faire fonctionner !
L’objet s’avérait complexe et je n’avais pas le temps d’apprendre. Pis, le week-end touchait à sa fin et je n’avais que faire d’un téléscope dans mon appartement. Je suis reparti à Strasbourg, en me disant que je m’étais bien fait avoir. J’en voulais au vendeur. J’avais l’impression déplaisante de m’être fait pigeonner en achetant très cher un objet dont je n’avais pas l’utilité, mais la vérité c’est que je ne pouvais m’en prendre qu’à moi même : après tout personne ne m’avait obligé à l’acheter !
Cette histoire m’est revenue il y a quelques jours, au moment de négocier le prix d’une maison trouvée sur un site d’annonces immobilières. C’était la même impression d’acheter trop cher un bien, plaisant certes, mais aussi avec de vrais défauts. Une impression d’autant plus prononcée que je savais combien le vendeur l’avait achetée quelques années plus tôt, et même en comptant les travaux réalisés entre temps et l’évolution des prix ces dernières années c’était clairement excessif.
J’ai longuement hésité. A cause du prix bien sûr, et aussi à la perspective de m’endetter pour de longues années, et de devoir assurer l’entretien du terrain et de la maison encore. Je n’avais jamais réalisé jusque là combien c’est angoissant d’acheter. C’est une petite bâtisse, même pas en pierre (tssss ;-), mais pleine de charme. Une maison atypique, très loin de tout ce que j’ai pu voir depuis que je cherche.
J’ai réfléchi à ce que serait un prix juste pour moi, et demandé un rabais significatif. Je n’étais pas du tout certain que les vendeurs accepteraient, d’autant plus qu’ils avaient rompu les pourparlers à la première évocation de baisse de prix, au temps de nos premiers contacts. Je leur ai fait une proposition d’achat au prix demandé, puis j’ai reçu les diagnostics techniques. J’ai revisité la maison aussi, et pris quelques renseignements. Cette fois ci c’est l’agent immobilier qui a fait l’intermédiaire. Ils ont à nouveau rompu les pourparlers à ma première offre, puis accepté ma contre-proposition le lendemain.
C’était une négociation désagréable, avec des non-dit, des rapports de force, des drames et des signaux d’alarme parfois. Entre ces mauvaises sensations, ma tendance à ne voir que les côtés négatifs et ma peur d’acheter j’ai failli laisser tomber plusieurs fois. En fait j’ai même laissé tomber plusieurs fois, mais j’y suis à chaque fois revenu. C’est une chouette maison, inspirante, et j’espère que le processus ira jusqu’au bout. C’est angoissant d’acheter, mais il y a aussi de bons côtés.
La signature du compromis est prévue dans une semaine. Tant que ce n’est pas fait je suppose que tout peut encore arriver, alors j’évite de me projeter. Comme dit la chanson, que sera, sera !
Pour en revenir au téléscope ça fait douze ans qu’il attend, rangé dans une caisse en bois stockée avec mes affaires ramenées de Strasbourg. J’espère qu’il sera encore en état de marche lorsque je le remonterai, et que je pourrai bientôt admirer les planètes, la lune, et les étoiles depuis ma terrasse.
Pleine lune à 16h56