La falaise



Elle s’étire sur des centaines de kilomètres, comme une flèche filant à travers le Sahel
Gardienne et sentinelle de la marche sud, là où la végétation s’efface devant les dunes

.

Je me souviens de l’odeur du poisson séché et des lavandières sur les berges du fleuve
Des soirées autour d’une lampe à pétrole et du grésillement du brasero sous les étoiles

.

Du martèlement des pilons et du concerto des animaux domestiques au petit jour
Des anciens sous la toguna et des maraîchers qui arrosaient leurs champs d’oignons

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De la force de ces gamines qui marchaient trois heures par jour pour aller au collège
D’une ritournelle cantonaise dans le 4×4 déglingué qui nous emmenait à Tombouctou

.

Je craignais d’être incapable de m’adapter à un tel changement
lorsque j’y suis allé… Mais c’est au retour que j’ai pris la claque de
ma vie… Je me suis d’abord cru dans un épisode de star trek lorsque j’ai revu
un WC avec une brosse ;-)… C’était à la veille de mon retour… Puis très vite je me suis senti dans un film de Romero, lorsque j’ai croisé tous
ces gens aux yeux vides dans les rues le matin où je suis retourné travailler… J’ai eu le temps de me réhabituer depuis mais je n’ai
plus jamais été tout à fait le même après mon retour…

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Depuis je ne puis m’empêcher de songer parfois que le bonheur ressemble peut être un peu à un
village dogon avec
l’accès aux soins et à l’éducation… et des écrans plats planqués derrière les tentures en prime… Et je fais parfois ce rêve
étrange et pénétrant d’une société technologique qui aurait la sagesse de n’en garder
que le meilleur pour se débarrasser de tout le fatras qui l’asservit…

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Creative Commons License doigt de miel

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