L’amour… encore et toujours

Il m’a toujours paru étonnant que la langue française utilise un seul mot pour désigner l’amour là où les anciens grecs préféraient recourir à des termes aussi distincts que l’eros, la philia, ou encore l’agapê…

L’eros était l’attirance sexuelle, le désir de l’autre. Platon en avait une conception assez ambivalente… D’une part il le voyait comme l’expression d’un manque… ce qui est d’autant plus désolant que dans sa conception, l’amour ne saurait perdurer dès lors que ce manque est comblé… D’où peut être cette curieuse expression de « fuis moi je te suis, suis moi je te fuis » que j’ai toujours trouvé tellement déconcertante… Mais d’autre part il en disait également que c’était une divine folie à la base des plus grands biens pour les hommes (homme étant ici à prendre comme un terme générique qui embrasse les femmes bien sur ;-)…

La philia se rapprochait assez de l’amitié telle qu’on la conçoit aujourd’hui, en la replaçant dans le contexte culturel de l’époque, qui voulait qu’il ne puisse y avoir d’amitié qu’entre deux personnes du même sexe et du même niveau social… Les choses ont un peu évolué depuis, mais je rencontre encore beaucoup de gens qui pensent qu’il ne peut y avoir d’amitié entre un homme et une femme… Il y aurait beaucoup à dire sur le sujet, mais pour ma part je préfère avoir une pensée émue pour celle qui est ma meilleure amie depuis maintenant bientôt 15 ans… ;-)…

L’agapê, désignait l’empathie désintéressée que l’on ressent parfois pour certaines personnes, connues ou inconnues. Les pères de l’église ont eu la malheureuse idée de transformer cette notion en charité lorsqu’ils ont élaboré les fondements de la pensée chrétienne, mais pour ma part je préfère de très loin la conception grecque d’origine, qui était beaucoup plus riche, et n’y voyait aucune considération morale ou religieuse…

Je la vois un peu comme une joie que l’on ressent à l’évocation de ce qui nous touche. Une forme d’altruisme aussi… Une renonciation à l’égo et à la recherche de pouvoir qui demande parfois d’avoir la délicatesse de se tenir à distance, un peu comme lorsque l’on admire une très jolie fleur sans la toucher pour ne pas l’abimer…

J’aimerai pouvoir l’éprouver de manière universelle, mais je n’en suis pas là… Un jour peut être… si je deviens très vieux et très sage ;-)… Mais certaines personnes ont le don de m’inspirer cela… et je crois qu’il est important de chérir et de cultiver ces émois ne serait ce que car ils constituent l’une des clés du bonheur, dont je ne sais plus qui a dit un jour qu’il ne se trouve pas en lingots mais en petites pièces…

Bien après les grecs, à l’aube des temps que l’on dit modernes, Spinoza a chamboulé la perspective platonicienne en définissant l’amour comme « une joie accompagnée de l’idée d’une cause extérieure ». Cette conception là me parle infiniment davantage que celle de Platon…  Il me semble d’ailleurs que ça correspond assez bien à ce que peuvent ressentir les couples heureux…

Plus récemment, il y a une quinzaine d’années, André Comte-Sponville a repris et développé ces notions dans un chapitre de son petit traité des grandes vertus (Résumé ici…) Je ne suis pas certain d’adhérer à tout ce qu’il avance, mais c’est surtout car sa vision renvoie toujours au couple traditionnel, fidèle et exclusif…

C’est étonnant tout de même cette omniprésence de la fidélité dans la représentation de l’amour charnel… Comte-Sponville  l’explique par le mythe de l’être primitif d’Aristophane… Comme quoi l’antiquité nous a légué beaucoup de choses en matière de représentations amoureuses… mais ça c’est une autre histoire ;-)

Exclusif ou non il me semble que l’amour contient des rêves et des élans précieux, qu’il serait dommage de réfréner même s’il n’y a pas de retour particulier à en espérer… Une belle personne que j’aime beaucoup, blogueuse de son état ;-) a dit un jour que tout ce qui n’est pas donné est perdu, et je le crois très volontiers pour ma part…

Je crois aussi que l’amour fait grandir… Pour ma part j’ai connu l’amour, et j’ai connu la haine, et je sais parfaitement où ces deux chemins m’ont menés… Alors je choisis ma route sans l’ombre d’une hésitation…

Lorsque l’on choisit cette route on n’attend rien en retour, et l’on peut alors pleinement jouir de tous les petits cadeaux que l’on reçoit à chaque instant de la vie et de tout ce qui nous entoure…

Et peut être qu’un jour on finit par rencontrer une personne très spéciale avec qui se nouent (si j’ose dire ;-) des liens particuliers… Une relation à la fois très physique et très cérébrale, faite d’émois et d’élans mutuels… avec ce petit quelque chose en plus qui fait que tout semble subitement se transformer autour de soi… 

Je ne sais pas si ça se produira un jour… et j’évite autant que possible d’imaginer les chemins étranges que pourraient emprunter une telle relation… J’ai quelques idées bien sûr, mais c’est surtout ses idées à elle que j’espère découvrir un jour ;-)…

Il me semble que le genre de demoiselle qui pourrait m’émouvoir ne se rencontre que dans une petite frange de la population, mais c’est le propre de l’amour que de se donner uniquement à un être rare, solaire… unique entre tous… et peu me chaut qu’elle m’accorde ou non l’exclusivité de ses divines folies… Bien au contraire même ;-)…

Rien de soumis là dessous… Juste un certain art de vivre et de ressentir les choses…

Je ne puis m’empêcher non plus de songer à une délicieuse personne rencontrée un beau jour d’été… Elle aussi était solaire, et tout s’était subitement transformé autour de moi lorsque je l’avais vue… Nos élans se sont quelque peu transformés depuis… et je ne sais pas où il nous mènerons… loin je l’espère :-), mais quelle que soit la destination c’est une grande joie de la connaître un peu et de savoir que de tels êtres existent et vont de par la terre, sous le soleil et la lune :-)…

Voilà… ça part un peu dans tous les sens et je ne suis pas certain que ce soit très cohérent, mais ça faisait longtemps que je voulais faire un billet sur l’Amour… Et il me semble qu’aujourd’hui est un bon jour pour le faire, et pas seulement parce que c’est le premier jour de ma nouvelle vie ;-)

PS. Finalement j’aime bien l’idée d’un mot unique dans la langue française qui enveloppe et recouvre toute la richesse de cette belle et noble émotion… Un peu comme un écrin unique pour un joyau aux mille facettes…

Il y a bien des choses dans ce joyau… des couleurs et des chatoyances,  des chants et des murmures, des ondes et des vibrations qui vous traversent et vous font vibrer à leur unisson… Ce sont des choses qui ne s’écrivent pas (bah oui mais je peux pas m’empêcher ;-) mais se vivent… et déclenchent parfois d’étranges arc en ciels ;-)…

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