Quand j’étais en fac j’ai vécu quatre ans de déprime… J’en ai déjà parlé… Là…
Les détails de ces jours monotones s’estompent dans les tréfonds de ma mémoire, mais je me rappelle assez bien des étapes clés de ma dépression…
Je me souviens par exemple du jour où j’ai décrété que j’avais à nouveau un avenir et… acheté une bouteille de vin de garde en me disant que je la savourerais en des temps meilleurs… C’était un Hermitage blanc 1986 du domaine Saint Jemms. Je l’ai d’ailleurs toujours, et il me semble qu’il est grand temps de la boire ;-)…
Je me souviens aussi du jour où j’ai touché le fond, et de la lente remontée qui a suivi, parsemée de rechutes, jusqu’à cet instant où quelque chose a basculé en moi, et où j’ai su que j’étais guéri… C’était par une belle nuit de mai… 92… ce qui ne nous rajeunit guère ;-)
J’étais en quatrième année de fac, et autant je n’avais pas été d’humeur à me lâcher au cours de mes premières années autant j’ai fait plus que de me rattraper au cours de celle-ci, qui fut pleine de hauts faits estudiantins… Et beaucoup de profs de cette époque ne m’ont vu qu’une seule fois au cours de cette année là… le jour des examens… Je ne crois pas que ça les aie empêché de vivre, ni moi d’avoir mon année d’ailleurs ;-)…
Puis j’ai du quitter cette jolie petite ville où j’avais vécu ma première vie d’étudiant (Il y en a eu une seconde ensuite, mais c’est une autre histoire). Le plus dur fut de devoir quitter mes potes de fac… On était une bonne bande et ça m’avait arraché le coeur de devoir partir… J’avais l’impression que je ne retrouverais plus jamais de tels amis, et que je ne revivrais plus jamais rien d’aussi intense.
Je retournais les voir à chaque fois que je passais dans le coin, tout en poursuivant mon p’tit bonhomme de chemin sous d’autres horizons… Puis un jour, quelques années plus tard, j’ai été invité aux 30 ans d’un pote de cette période là, devenu banquier par la suite (encore un qui a mal tourné ;-)… et là… j’ai retrouvé exactement les mêmes gens que j’avais connu…
Et c’était bien ça le problème…
C’était le même groupe d’amis, qui se balançaient les mêmes vannes et écoutaient les mêmes disques que 10 ans plus tôt… Comme s’ils avaient stagné pendant toutes ces années tandis que mes pérégrinations m’avaient fait découvrir des horizons insoupçonnés… et élargi mes perspectives dans des proportions considérables…
C’est là que j’ai compris qu’il est parfois bon de ne pas avoir ce qu’on désire… Et que la fin d’un chapitre n’est jamais que le début d’un autre…
Ce fut une grande leçon de choses…
Tourner les pages ne signifie pas couper les ponts pour moi, et j’ai toujours grand plaisir à revoir certains de mes amis de fac et même des gens d’avant, des potes du lycée, voire de l’école primaire. J’ai aussi noué des liens durables avec des personnes que j’ai croisé au cours des vies successives que j’ai menées depuis…
Parfois la vie nous a séparés mais certains sont devenus des amis chers à mon cœur au fil des années… Ceux avec qui le lien perdure même si on ne se voit pas souvent, ceux avec qui la magie opère à chaque rencontre, ceux vers qui les méandres de l’existence me ramènent toujours… Ils sont comme des pierres angulaires sur ma route, des racines nourricières qui me rattachent aux endroits d’où je viens…
Mais j’aime toujours autant aller de l’avant, rencontrer de nouvelles personnes et vivre de nouvelles expériences… Et j’espère qu’il y en aura encore beaucoup…
Et la vie est parfois un miracle :-)…
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doigt de miel
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