J’ai grandi entouré de femmes. D’abord à la maison, où nous étions trois générations sous le même toit, et plus tard, tout au long du fil qui court de la maternelle à la fin de cette seconde gestation que constituent les études… Les femmes m’ont construit dans tous les sens du terme…
C’était chouette de grandir à la campagne dans les années 70. C’était une époque charnière. On venait d’avoir le téléphone, la télé était en noir et blanc et on commençait à avoir des nouvelles du monde extérieur. Il n’y avait pas encore de lotissements. Tout le monde se connaissait et fallait pas faire trop de bêtises sinon… je me demande d’ailleurs parfois si ça n’a pas un rapport avec… enfin…
A un moment les poitrines des filles se sont mises à enfler et leurs hanches ont commencé à s’arrondir. Ce fut le début d’une période fabuleuse. On avait tous nos petits flirts dont on n’osait pas en parler aux copains pour ne pas avoir l’air bêtes.
Bien sûr nous étions rebelles et vauriens… On avait besoin de chatouiller nos limites pour se sentir exister. Et puis il se murmurait que ça plaisait aux filles, mais on n’en savait trop rien en fait. On se mélangeait, à l’école, après l’école, et même la nuit quand on faisait le mur après que nos parents se soient endormis. Il y en avait toujours une ou deux qui se joignaient à nous pour aller refaire le monde sous la lune. C’étaient avant tout des copines. Bien sûr on espérait qu’elles nous remarqueraient… On se parlait beaucoup… Elles étaient fascinantes, déjà. Bien sûr on était tous un peu amoureux d’elles, on se demandait comment elles réagiraient si on essayait de les embrasser… parfois on essayait… et on se faisait souvent jeter ;o)…
On avait besoin de ces échanges je crois, pour apprendre à se connaître et à se respecter. Ca nous aidait à trouver nos limites… collège, lycée, mobylette, bac, premier vrai départ de la maison direction la fac (un choc !), études, la sphère s’élargit, mais toujours plein de jolies étudiantes pour parler, boire des coups, s’émerveiller… et pleins d’échanges passionnants, de coups de coeur, de transports amoureux…
Bien sûr ça n’a pas été parfait, il y eut des erreurs, des malentendus, des prises de bec, des déceptions sentimentales parfois douloureuses, mais globalement ce fut une bonne époque, une excellente époque même. Elle m’a façonné avant que j’entre dans la vie active, et que je réalise que toute l’existence peut finalement être considérée comme une longue période d’études.
Je n’ai pas la nostalgie du bon vieux temps, je préfère m’intéresser à l’avenir et surtout au présent… que l’on nomme ainsi car chaque instant est un cadeau que la vie nous fait ;-). Mais je ne peux m’empêcher, parfois, de noter les différences entre le monde présent et celui qui m’a vu grandir. Il en est une qui me dérange un peu, c’est qu’il me semble que les garçons et les filles se côtoient beaucoup moins qu’avant dans les jeunes générations, et carrément plus du tout dans certains milieux.
J’ai par bonheur échappé au service militaire, mais je n’ai pas réussi à échapper à une expérience désagréable : deux ans dans un cycle de formation où il n’y avait que des garçons, c’était vers la fin de mes études. On s’entendait bien entre nous, on s’amusait bien, il y avait beaucoup de solidarité. C’était comme l’adolescence mais sans les filles. Avec le temps nous avons commencé à fonctionner en vase clos et à nous refermer sur nous mêmes et même… pour tout dire… à bien nous faire ch… Il manquait quelque chose pour nous faire aller de l’avant. Il y avait toujours plein de filles autour de nous, mais on n’avait plus de contact avec elles. On s’est mis à les regarder bizarrement. On les suivait toujours du regard mais plus comme avant. C’était un regard lourd, voilé de frustration. Nous sommes passés de la camaraderie légère et insouciante aux plaisanteries de plus en plus pesantes…
J’avais 25 ans à l’époque et j’avais déjà découvert mon goût pour la soumission. Je sentais bien que quelque chose n’allait pas dans la dynamique du groupe mais j’étais incapable de dire quoi. J’ai vécu la fin de cette période comme un enfermement. Et j’ai été vraiment content de passer à autre chose. C’est dommage, je pense que s’il y avait eu ne serait ce qu’une seule fille dans la promo ça ne se serait pas passé comme ça. Le fait est que je crois qu’un homme devient stupide et agressif quand il n’y a pas de femmes autour de lui. Le coeur se dessèche, l’esprit se pervertit.
Parfois je côtoie des groupes exclusivement constitués de filles. J’y vois des non dits et une agressivité latente qui explose parfois, alors je me dis que l’inverse ne vaut probablement guère mieux, et que juste des filles entre elles ce n’est pas bon non plus.
Au fond je suis convaincu que c’est une erreur de vouloir séparer les filles et les garçons à l’école…il y a eu un décret tout récemment autorisant les classes séparées, et ça m’insupporte profondément.
Je crois qu’on est plus intelligent, plus tolérant, plus ouvert, et finalement plus heureux quand on se mélange dès l’enfance et qu’on apprend très tôt à se connaître et à s’apprécier, et ça ne concerne d’ailleurs pas que les hommes et les femmes, loin de là… Mais ce sont les femmes qui me fascinent par dessus tout… Alors… :-).
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Heidi Silicium
3 Responses to Séquence nostalgie… pour dire quelque chose du monde actuel