Chroniques d’une vie antérieure (fin)

Je ne sais plus qui disait qu’une civilisation mécaniste tend à transformer les hommes en machines, mais c’est parfois l’impression que j’ai…  Sensation d’être de plus en plus cerné par des gens qui ne font qu’appliquer des procédures, tout simplement parce que c’est tout ce que le système exige d’eux… C’était aussi tout ce qu’il attendait de moi dans mon ancien métier…

Je crois bien que je ne connais rien de plus bête que la formalisation de processus… Une fois que c’est fait n’importe quel travail se réduit à une procédure… Peu importe qu’elle soit adaptée ou pas le moindre écart est suspect et le refus du moule conduit au rejet… Pourtant chaque membre de l’école de Palo Alto vous confirmera qu’un problème relevant des sciences humaines ne se résout jamais deux fois exactement de la même manière… Sans compter que si on savait résoudre les problèmes de sciences humaines ça se saurait ;-)…

Au début j’ai eu très peur d’être avalé par la machine à mon tour… Puis avec le temps m’est venue la sensation d’un milieu étrange, étranger à ma sensibilité… Il y a environ un an j’ai réalisé que je ne croyais plus à ce que je
faisais… D’abord ça m’a fait un drôle de coup au moral, surtout que je n’arrivais pas à imaginer une autre activité que celle que j’avais toujours pratiquée…

Alors j’ai fait un bilan de
compétences et puis… ;-)

J’espère pouvoir vous dire un jour si c’était un bon choix ;-)

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9 Responses to Chroniques d’une vie antérieure (fin)

  1. doigt de miel says:

    de mon point de vue il en est énormément que cette mécanisation, pour ne pas parler de robotisation, arrange…
    bon choix, mauvais choix peu importe l’essentiel étant de continuer à avancer sur ce nouveau chemin que tu as pris
    Posté par home, 19 juillet 2010 à 11:15

    La formalisation n’a aucun sens dès lors qu’elle se nourrit d’elle même. Elle ne doit servir que de base, une base parmi tant d’autre, comme un tuteur qui permet à une myriade de pousse de prendre un même chemin, ensuite chaque pousse mène sa vie et le substrat procédural s’efface sous l’élan des plantes créatrices… voilà ce que devrait être une procédure à mon sens.
    Posté par Raphaël, 19 juillet 2010 à 12:48

    Tout ce système qui s’appelle la « démarche qualité » qui est à l’origine conçu pour générer de la qualité conduit à mon sens à la médiocrité: plus besoin de réfléchir, on suit la procédure…
    Suivre la procédure sans se poser de question, renier la réflexion individuelle, niveler, couper tout ce qui dépasse… bienvenue dans un monde libre!
    Plus notre société se libéralise, plus elle me fait penser au mode de vie expérimenté dans l’ex URSS…
    Et donc, après ton bilan de compétences, tu cherches un poste chez Cochonou? (sourire)
    Posté par photaphil, 21 juillet 2010 à 22:32

    A…
    Home…
    C’est clair… le plus étonnant c’est que j’ai parfois l’impression que ça arrange même certains de ceux qui la subissent…
    Et pour ce qui est de la suite… L’important c’est le chemin ;-)
    Kiss

    Raphaël…
    Jolie métaphore ;-)…
    le problème c’est que dès que c’est formalisé il y a toujours un flicaillon quelque part pour s’en prévaloir et décréter que ça doit se passer comme ça et pas autrement…
    Bises

    Phil…
    C’est amusant ce n’est pas la première fois que j’entends cette remarque sur la soviétisation des esprits…
    J’aurais bien une p’tite idée sur la question… mais c’est comme pour les procédures : si tu me lances là dessus on en a pour des heures (remarque je suis pas contre hein ;-)…
    Bises
    PS. Suis pas fan de saucisson industriel… ;-)
    Posté par doigt de miel, 22 juillet 2010 à 12:06

    Ah… je ne suis pas d’accord ! (ça vous étonne ??)
    Ca dépend dans quel contexte !
    Dans les procédés industriels, de bien des manières, suivre la procédure protège, évite les accidents, tant pour l’ouvrier que pour le consommateur. Certes, cela donne un produit standardisé mais c’est la rançon de la production de masse. Qui a permit à beaucoup d’accéder au confort, à la voiture, aux médicaments à bon prix…, il ne faut pas l’oublier. Et qui a réduit considérablement les risques d’accident dans les usines aussi !
    Autoriser des écarts serait ruiner le principe lui-même. Par contre, permettre aux différents intervenants de faire des suggestions et même les encourager, c’est différent !
    Dans d’autres domaines, cela s’applique aussi.
    Enfin, en matière de droit, sinon de justice, la procédure nous abrite des abus. C’est un garde-fou. Et quand je dis fou, je peux aussi bien dire imbécile, incompétent, etc.
    Attention, le non respect ne vient pas seulement des « petites mains ». Ce qui se passe dans le Golfe du Mexique est le symbole même du non respect d’une procédure dû à une pression hierarchique.
    Comme tout outil, une procédure peut être détournée de son usage.
    Mais si vous ne vous sentiez plus à l’aise, c’est très bien d’avoir changé. All the best on your new road !
    B
    Posté par petite française, 02 août 2010 à 22:16

    A Petite Française
    Hihi, je n’avais pas d’opinion sur la question mais à la réflexion oui ça m’étonne un peu de vous chère B ;-)… mais bon… vous l’aurez voulu… Je me lance…

    Vous avez raison en ce qui concerne des process technologiques normés… Mais ça me gêne quand ce sont des personnes qui sont sujets de la procédure…

    Bien sur vous allez me parler de sécurité… mais que dire quand on dénie votre intelligence au point de vous coller des instructions pour utiliser un cutter ou emprunter un escalier ? (authentique… j’ai les noms…) ?

    Je m’interroge quand je vois des référentiels qui exposent des méthodes pour innover… Il y a carrément une contradiction structurelle vous ne trouvez pas ?…

    J’ai vu des procédures de gestion ou d’organisation totalement inadaptées se figer pour toutes sortes de raisons… et des gens qui étaient devenus incapables de s’en extraire…

    J’ai vu des chiffres avec plein de zéros partir en fumée dans des usines à gaz qui normaient des organisations sans tenir compte de leurs mécanismes subtils… comme dit, on ne résout jamais un problème de sciences humaines deux fois exactement de la même façon…

    Bien sur ceux qui les conçoivent essaient généralement d’en tenir compte (enfin j’espère), mais l’essentiel est non formalisable, et il y a toujours d’autres éléments qui priment… Un peu comme quand on chipote avec la sécurité des tuyaux… mais pas seulement…

    Le plus effrayant c’est quand je discute avec des étudiants de grandes écoles de commerce ou d’ingénieur…
    On leur enseigne des méthodes, mais on oublie de leur en préciser le sens, les fondements et les limites… ce qui me semble absolument tragique dans la mesure où ce sont eux qui seront sensés les faire évoluer plus tard.

    Votre exemple sur la justice est une excellente illustration des dérives du système…
    Le droit se complexifie tellement que les juristes eux même ne s’y retrouvent plus… Combien d’affaires jamais jugées sur le fond en raison d’un vice de procédure ?…

    Même ceux qui créent les lois ne comprennent plus ce qu’ils votent… il y en a une démonstration éclatante là… http://www.maitre-eolas.fr/post/2009/09/15/Simplifions-le-droit-%3A-sauvons-la-Scientologie… Dans une démocratie c’est flippant non ?

    Et quand les juristes se mobilisent pour refuser les systèmes de peines automatiques ce sont bien nos libertés qu’ils protègent… et le droit à la justice…

    Pour ma part je préférerais qu’on en reste à des règles de bon sens… compréhensibles par tous, et à tout le moins par ceux qui sont sensés les faire appliquer

    Il y a du bon dans la formalisation, comme vous dites c’est une question de contexte… Il me semble important de reconnaître les limites de la démarche, et de réaliser qu’il vaut parfois (souvent ;-) mieux laisser les choses s’ajuster d’elles même plutôt que de vouloir les forcer…

    J’aime beaucoup le point de vue de Raphaël sur les vertus de la formalisation… Mais pour une personne qui la conçoit comme ça… Combien qui la conçoivent (ou l’utilisent) comme moyen de contrôle ?

    Elle sort de la sphère pro pour envahir le quotidien aussi…

    Ca me gêne d’être considéré comme un élément d’un process quand j’appelle un call center… je sais bien que c’est au nom de l’efficacité, mais je préférerais être traité comme une personne, par une autre personne…

    Ca me fait toujours un pincement aussi de voir des gens attendre devant un passage piéton parce que le feu est rouge… Alors que la route est déserte à perte de vue…
    Pour moi ils ont renoncé a exercer leur capacité d’appréciation d’une situation… Et je rejoins totalement phil sur l’impact sur la réflexion individuelle

    Le pire c’est que quand vous traversez quand même ce sont souvent ces gens là qui vous jugent et vous font des signes outrés…

    Je crains qu’avec l’essor du risk management et celui des technologies de l’information on n’aie pas fini de bouffer des contrôles et des restrictions sur nos faits et gestes… Au nom de la sécurité et de l’efficacité bien sur, et du business et de la valeur actionnariale…
    Mais que devient l’humain dans tout ça ?

    Pour moi ces évolutions mènent à des existences formatées, tristes, technocratiques… A se demander pourquoi on les accepte…
    Mais bon c’est une une autre histoire…
    Merci pour vos voeux :-)
    Je commente peu ces temps ci… besoin de fermer les écoutilles… mais j’espère de tout coeur que votre tristesse est retombée…
    Bises douces
    Posté par doigt de miel, 04 août 2010 à 19:28

    Pour moi nous sommes arrivés au bout du bout de la démarche rationnelle…
    La formalisation de procédures, l’écriture de consignes, de codes, la normalisation… tout ceci avait un sens dans une société en progrès et en croissance, pour rationaliser et raisonner l’expansion… pour dompter les fous furieux du concours Lépine…
    Hélas je crains fort que cette époque ne soit révolue, je vois aujourd’hui tout ceci comme des vestiges d’une époque « heureuse » qui tentent de survivre dans un monde qui leur échappe… Je vois tout ceci comme des polices privées de dictatures en déclin, qui ne parviennent qu’à brider le peu d’ingéniosité qui pouvait résister!
    Le monde est au profit, le travailleur a perdu sa place dans notre société il y a 50 ans, la classe moyenne disparait à son tour, et je n’ai pas l’impression qu’il y ai la moindre volonté de régulation à une échelle susceptible de produire un quelconque effet… par contre, comme par vengeance ou retour de bâton, il me semble que notre quotidien se complique, que notre liberté se réduit à l’image d’une peau de chagrin… et dans ses moments là je me dis qu’il est bon d’être auprès de ses chevaux, ou de ses femmes…
    Posté par photaphil, 16 août 2010 à 13:33

    A Phil
    Pour ma part je pense que ce n’est qu’un début… ne serait ce que parce que la norme est de plus en plus instrumentalisée en faveur d’intérêts particuliers… La directive européenne sur la route intelligente qui va imposer des tonnes d’électronique embarquée qui ne servira strictement à rien si ce n’est engraisser quelques fabricants de composants et boîtes de TP en est un assez bon exemple… Et ce n’en est qu’un parmi des dizaines que j’ai vu passer… Au final j’appelle ça l’émergence de nouveaux business models basés sur la coercition… Au nom du bien public naturellement…

    Comme tu dis c’est peut être simplement une conséquence du vide abyssal d’une époque qui a cessé de croire en elle même…

    Après plus j’avance plus je me dis que la vraie question c’est qu’est ce que tu fais toi, et qu’est ce que je fais moi contre ce qu’on dénonce…
    Bises
    Posté par doigt de miel, 22 août 2010 à 19:57