L’alpage (1)

Aujourd’hui ça fait pile un an que j’ai commencé ce blog, et pour l’occasion je vous offre… le récit authentique de ma rencontre avec celle qui en fut l’instigatrice, la surprenante, la troublante et l’envoutante Mademoiselle Heidi Silicium.

Tout a commencé il y a 5 ans, le jour où j’ai reçu un coup de fil d’un certain Charles I, un cousin éloigné issu d’une branche de la famille qui avait émigré en 1740 vers la côte est d’un immense territoire qui ne s’appelait pas encore les Etats-Unis d’Amérique.

Leurs descendants étaient devenus mormons, et vivaient dans une prairie. Sur le coup ça m’avait fait tout bizarre… et je m’étais demandé si je n’avais pas affaire à une méthode sophistiquée de prosélytisme… Mais ce monsieur cherchait simplement des informations généalogique, et j’ai fini par aller faire quelques recherches pour lui dans les registres d’état civil du coin… Mais c’est une autre histoire.

L’an dernier il m’a demandé si je pouvais délivrer en mains propres un message important à une de ses amies. Elle vivait dans les Alpes autrichiennes, loin de toute connexion internet, mais pas trop de la frontière helvétique… Ce n’était qu’à quelques heures de route et je m’étais dit que ça me ferait une bonne occasion pour aller prendre l’air. Bah oui, je kiffe bien la rando comme on dit ;-)

Et me voilà donc en train de crapahuter le long d’un torrent dans le Vorarlberg… Et de me demander dans quel drôle d’endroit étrange je me trouvais. Je suis sensible aux vibrations de certains lieux… et celui-ci en crépitait carrément. Il y avait aussi ces drôles de cairns régulièrement érigés sur les abords du chemin et même sur les rochers de la rivière. Tout avait l’air plus brillant qu’ailleurs, comme si l’air était plus transparent.

Le chemin zigzaguait entre des arbres tortueux qui firent rapidement place à des conifères dont l’écorce m’évoqua des carapaces de tortues. Les pentes tapissées de pelouse rase s’ornèrent peu à peu d’ilots de fougères, bientôt rejoints par des coulées de framboisiers sauvages s’étirant paresseusement sur de grands archipels de roche affleurante.

J’apercevais le bleu du ciel entre les fûts des arbres… De plus en plus proche. Un dernier lacet et la forêt s’ouvrit sur un alpage d’un beau vert éclatant. Là haut, à plus de 2000 mètres d’altitude le ciel semblait plus proche, peut être à cause de sa couleur tirant sur le bleu roi.

La prairie s’élevait en pente douce vers un grand arbre situé sur un épaulement joliment incurvé. Mon cousin d’Amérique m’avait dit qu’elle habitait près de la source du torrent, et j’espérais voir son habitation du haut de cette crête… Mais il n’y avait rien ni personne, si ce n’est une autre crête située un peu plus haut… comme souvent lorsque l’on fait de la rando d’ailleurs.

Il n’était pas encore midi, et j’avais tout mon temps pour la trouver. Je me suis installé contre le tronc et ai posé mon chapeau australien près de moi pour profiter des rayons du soleil à son zénith. La température était idéale, avec un doux zéphyr soufflant du sud, berçant mon visage inondé de lumière. Je ne tardais pas à m’endormir.

(à suivre…)

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11 Responses to L’alpage (1)

  1. doigt de miel says:

    j’aime pas les feuilletons…

    dans le vie il y a des choses terribles,
    dramatiques,
    douloureuses …

    commencer à lire un texte
    et arriver à ces mots
    « à suivre »

    ça m’a toujours pincé le coeur…

    (vivement la suite)
    sourire
    Posté par Lsingulière, 05 mai 2009 à 06:47

    Belle histoire.
    C’est une belle histoire qui tient en haleine, agrémentée de bien curieuses illustrations…
    Vivement la suite !
    Posté par Dame, 05 mai 2009 à 08:26

    Sourire…

    Je t’embrasse fort
    Posté par Nivalane, 05 mai 2009 à 10:45

    A…
    Lsingulière…
    Oui mais n’en pincerais tu pas un peu parfois pour une pincée de pincements de homard apprivoisé ;-)

    pfff, moi qui voulais faire la suite au prochain anniversaire du blog ;-)))
    Bises

    Dame…
    Merci :-)… Je vais quand même tâcher d’en commettre une avant la prochaine nuit élastique j’espère qu’elle sera à la hauteur (la suite pas la catsuit… quoique ;-)…
    Amitiés

    Niv’
    pourquoi ton comm me fait il sourire aussi ? ;-))
    Bises douces
    Posté par doigt de miel, 05 mai 2009 à 14:28

    si, si
    mais seulement s’il est bleu
    y’en a beaucoup des bleus ???
    rires
    Posté par Lsingulière, 06 mai 2009 à 00:10

    A l’état naturel assez peu je pense… pour le reste ça dépend comment tu l’apprêtes… ;-)

    Je me demande quand même de quelle couleur est un homard bleu après cuisson… ;-)
    Bises
    Posté par doigt de miel, 06 mai 2009 à 01:46

    « Lors de la cuisson, ce lien se défait, ce qui libère l’astaxanthine et le homard passe du bleu-gris à une couleur pourpre. »

    voilà… quand tu sais pas… tu demandes…

    sourire
    Posté par Lsingulière, 06 mai 2009 à 07:56

    wouaaaah ! c’est trash… toujours une question de liens remarque ;-)
    Merci m’dame :-)…
    Bises
    Posté par doigt de miel, 06 mai 2009 à 12:21

  2. Rouge says:

    Merci pour cette ballade matinale et dominicale au cœur des alpages… :)
    En effet, les édelweiss ne sont pas loin! ;)
    Bisouilles

  3. doigt de miel says:

    Hihi, je parie que tu n’aurais jamais pensé te retrouver par ici un dimanche matin ;-)
    (si je vois une edelweiss je te préviens :-)
    Des bises !