50 shades of pink…

Je ne vais pas vous faire un billet sur ce bouquin… Je ne l’ai pas lu et s’il me restait un vague doute quant à l’intérêt de le faire la Sardine de Belsunce a achevé de me convaincre que ça n’en valait pas la peine…

De toute façon vu le plan média qui a accompagné sa sortie ça sentait à plein nez le produit formaté façon blockbuster, et je trouve très révélateur qu’il soit issu de la main d’une scénariste. Je n’ai rien contre d’ailleurs, et il me semble que le phénomène qui accompagne ce livre n’est pas fondamentalement différent de ce que fut Histoire d’O en son temps… Mais pour ma part je préfère vous proposer un petit florilège de lectures autrement plus palpitantes sur le sujet…

L’Image – Jean de Berg (Catherine Robbe-Grillet dans le civil)… Un classique du genre, jouissif et raffiné, et un grand moment de bonheur qui me ramène à mes premières lectures érotiques… ce qui ne nous rajeunit pas… Il y des tas de classiques qui méritent d’être lus en fait… Le Jardin des supplices d’Octave Mirbeau pour n’en citer qu’un… mais si je vous les fais tous on n’est pas sorti de la librairie…

La laisse – Claire Delynn… Où les tribulations d’une bobo new-yorkaise tombée sous la coupe d’une demoiselle plutôt alternative… C’est du corrosif qui va jusqu’à l’os comme qui dirait (… !)… Une lecture dérangeante teintée de satyre sociale qui n’est pas sans évoquer les univers de Virginie Despentes ou Ryu Murakami…

Les extravagances du désir – Jean Streff… Point de fiction mais une série d’entretiens avec des adeptes de tous bords… C’est surprenant, foisonnant et parfois troublant… Une lecture plaisante et une fenêtre ouverte sur des pratiques bien plus diverses et variées qu’on ne le croit généralement…

Essai sur la représentation sadomasochiste – Mona Sammoun… Là c’est du sérieux : un tour d’horizon du SM à travers ses aspects intimes, sociétaux et ses représentations dans les médias, l’art, ou la littérature… Le meilleur ouvrage francophone que je connaisse sur le sujet.

SM – Tomi Ungerer… Une plongée dans la soumission masculine en immersion chez les Dominas de Hambourg (qui sont au SM ce que le cuir est à la lingerie ;-) avec, en creux à travers leurs récits sensibles, un portrait émouvant de ces grandes Dames… et un recueil de dessins de shibari en prime. Du grand Tomi… Yep !

Une perle méconnue encore (et d’ailleurs si vous en connaissez d’autres  je vous invite à les citer en comm… C’est toujours bon d’élargir ses horizons ;-) : « Liens de cuir » est un petit roman jouissif et jubilatoire qui n’a d’autre prétention que de se lire d’une seule main… C’est très bien enlevé, tout comme son héroïne d’ailleurs, et signé par une belle plume de la blogosphère.

Et pour finir ce billet, je vous offre simplement ce joli court métrage d’Erika Lust, qui eut jadis les honneurs des chroniques de Heidi, en guise de conclusion et d’antidote à la grisaille ambiante… ;-)

 

 

 

 

http://www.dailymotion.com/video/xqdflt_handcuffs-esposas-de-erika-lust_shortfilms

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8 Responses to 50 shades of pink…

  1. Brigit says:

    Cela fait un an que je lis, ici ou là et surtout sur les blogs en anglais et la presse, les critiques quasi-exclusivement négatives de cette trilogie. Donc je m’en suis épargné la lecture. Si de manière assez unanime, on trouve ces « romans » pseudo pornographiques, au prétexte que les actes sexuels y sont décrits dans le détail (ça reste à voir) et à l’intrigue légère comme un rain de riz : une vierge innocente découvre la sexualité dans les bras d’un grand brun riche et très malheureux (la belle et la bête, vous connaissez ? bon là d’accord, la bête est un beau mec, m’enfin…) les avis sont partagés quant à l’aspect SM du truc.
    N’ayant pas lu le livre, sinon quelques pages il y a des mois chez WHSMith, j’aurais mauvaise foi à surenchérir sur sa nullité.
    Voyez-vous, je n’ai jamais pu vraiment lire Histoire d’O non plus. Ca m’a vite ennuyé.

    Le pire c’est qu’il y a quantité de livres déjà écrit à peu près dans la même veine… avec plus ou moins de qualité, alors pourquoi celui-là connaît-il un tel succès ? mystère.
    J’ai lu, un peu malgré moi, le livre présenté comme le prochain 50 shades… et bien c’est encore pire dans le conformisme, le manque d’originalité, et terrifiant quant à ce que cela dit de la sexualité non pas déviante (comme le bdsm) mais malade, au sens de gens ayant été abusés dans l’enfance.
    L’un des livres les plus perturbants que j’ai lu était certainement Le Bandeau (JFMopin) surtout pour la chute finale…
    B

  2. Plume says:

    Oh là on nous en farci le chou de ce bouquin de partout sur le web ! ben non moi j’ai pas envie de le lire tellement ça à l’air planplan. Effectivement il y a des lectures 100 plus intéressante que ça, cette trilogie est faite pour émoustillée la ménagère de moins de 50 ans peut être ?

    Bises

  3. Plume says:

    oups pardon les fautes !

  4. Ambre says:

    Ah mais voilà, avec ta liste on va pouvoir y échapper, sans s’ennuyer lors des longues soirées d’hiver !
    :)

  5. doigt de miel says:

    B…
    C’est clair qu’il y a beaucoup de fictions qui suivent des trames standard… mais je crois que c’est inhérent aux oeuvres de genre… Un peu comme quand vous voyez le 243ème film sur des djeunz qui passent la nuit dans une maison abandonnée où il se serait passé des trucs horribles autrefois… C’est ultra cliché et en même temps ça marche toujours…

    Quant à savoir pourquoi celui ci connait un tel succès…. C’est peut être une question d’époque… et un signal que le BDSM est en train de devenir mainstream… (soupir ;-)
    Il y a eu une résonance médiatique incroyable aussi… Pas très compliquée a obtenir d’ailleurs… les journaux ont du être ravis d’avoir matière à des articles un peu croustillants… J’ai été frappé par l’expression « mum porn »… qui sort de nulle part et a été reprise en choeur… ça sent le storytelling sur mesure pour propager l’idée que c’est olé olé mais respectable quand même… Presque un cas d’école pour un TD de marketing/comm ;-)

    J’aime bien cette explication enfin :
    « Qu’affirme ce succès ? Ceci : les femmes et les bourgeoises américaines sont avides de sexe, elles s’emmerdent dans leur quotidien ennuyeux avec leur petit mari, elles ne sont pas frigides après 50 ans comme on le croit, mais sans doute mal baisées et finalement bien soumises… aux convenances puritaines de midinettes rêvant d’un prince charmant aux manières de bucheron »
    (http://livre.expeert.com/fr/actualite/content/1804919-cinquante-nuances-de-grey-lettre-ouverte-d-anne-bert-aux-medias)
    La question que je me pose c’est est ce que un bucheron avec des manières de prince charmant ça ferait l’affaire ;-)
    Merci pour la référence, venant de vous ça compte au moins triple :-)…
    Des bises !

    Plume…
    Pourquoi seulement les moins de 50 ans ? tsss ;-)
    Bravo pour votre nouveau blog :-)
    Des bises !

    Ambre…
    Hihi, je t’imagine bien au coin du feu allongée sur une peau de bête ;-)
    Des bises !

  6. Plume says:

    Pourquoi avant ? ben parce que après 50 ans ma (notre) libido est encore mieux non ? (
    Vive la ménopause !) pas besoin de ce livre pour la faire encore grimper, mon Chéri s’en occupe très bien !

    Bises Helvètes

  7. Brigit says:

    je ne suis pas certaine que le lectorat originel soit américain. et ce journaliste a trop vu d’épisodes de desparate housewives et s’imagine que c’est comme ça, l’Amérique !
    c’est sexiste et mauvais comme critique

    le bandeau n’est pas forcément une référence pour tout le monde, ce qui y est décrit reste assez banal et justement, pour reprendre la même trame que 50 shades, dévoile une perversion bien plus troublante.
    un bucheron aux manières de gentleman ? soupir, si seulement… mais c’est si rare et l’inverse me semble bien plus fréquent…
    encore que, ne jetons pas la pierre aux bucherons ! d’ailleurs, il y en a un fort sympatique dans le dernier J. Irving, Last night in twisted river, qui semble beaucoup apprécier les dames et même fort bien danser avec elles. Il ne sait pas lire mais apprécie particulièrement que les femmes lui fassent la lecture. n’est-ce pas digne d’un prince charmant ?
    certes son juron préféré est « constipated christ ! » mais on ne saurait le blâmer, la vie dans les bois est rude. ;)

  8. doigt de miel says:

    Plume…
    Hihi, je pourrai certainement t’en dire plus dans une dizaine d’années… En attendant ça fait plaisir de savoir que les années ne nuisent pas à la libido (je m’en doutais déjà remarque, mais c’est toujours bon d’avoir une confirmation :-)
    Profite :-)
    Des bises !

    Brigit…
    Venant d’une femme je ne sais pas si cette critique peut être considérée comme sexiste, mais il est possible en effet que ce soit une vision déformée, et surtout c’est vrai qu’il faut toujours se méfier des généralités…Merci de me l’avoir rappelé :-)
    Constipated christ comme dirait l’autre ;-)
    Des bises !