Monthly Archives: août 2012

Il était une fois en été…

Le ciel a pris une belle couleur d’aubergine, dernier vestige du jour qui s’efface sur la ligne des toits vernissés… Il n’y a pas un bruit, pas un souffle d’air, juste une paix infinie qui flotte sur la ville.

L’intérieur de la chambre est à peine éclairée par quelques bougies… Sur le lit une demoiselle étendue dans ses liens, une autre assise à ses côtés, qui la veille en mon absence. je me faufile en silence vers un canapé, un peu gêné à l’idée de troubler ce moment. J’essaie de me faire aussi petit que possible, et présent pourtant.

Avec sa petite tunique noire la jeune femme assise me fait penser à une amazone penchée sur un petit animal blessé. Elle a sorti un flacon d’huile de massage qu’elle étale sur la peau satinée de sa complice avec une infinie délicatesse. Je les devine toutes les deux absorbées dans une bulle tapissée d’arabesques légères et chatoyantes.

Mon appareil photo est posé à quelques mètres de là… Mais ce serait tellement absurde, tellement obscène même… Il y a des moments qu’il ne faut gâcher pour rien au monde, alors je me tais (pour une fois), et me contente d’admirer… Ebahi, attendri, ému…

Stupéfait par la grâce et la puissance des moments que la vie réserve parfois.

 

 

Pleine lune, et lune bleue, demain à 16h59…

Avec toute ma reconnaissance et toute mon affection
pour ces deux adorables jeunes femmes :-) 

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De l’art de la soumission

Il y a quelques années j’ai croisé une jeune femme qui disait avoir envie de pratiquer la domination…
Je la trouvais très inspirante et très stimulante… et elle me faisait tellement rêver que j’ai fini par en perdre tout sens de la réalité… et aussi, hélas, par ruiner la jolie relation que nous avions établie.

C’est bizarre les rencontres en ligne… L’absence de contact direct est propice à toutes sortes de projections et l’on a vite fait de se retrouver dans un monde imaginaire, surtout lorsque l’on aspire à réaliser certains fantasmes… C’est très riche un imaginaire de soumis, et parfois il vaut mieux ne pas le laisser trop galoper…
En ce qui me concerne cette histoire m’a servi de leçon et je suis devenu beaucoup plus circonspect par rapport à mes aspirations. Ce n’est pas que je n’en aie pas… C’est simplement que je n’ai plus envie de m’y perdre et que je préfère éviter de confondre mes désirs et la réalité.

A l’automne dernier j’ai rencontré une jeune femme adorable, Maîtresse à ses heures, qui m’a invité à déjeuner dans un petit restaurant isolé en pleine montagne. Il n’était pas question de jeux de domination entre nous… juste une rencontre amicale pour prolonger de beaux échanges entamés en ligne… On a beaucoup parlé de SM bien sûr, et elle m’a dit qu’après toutes ses expériences elle trouvait que la meilleure façon de le pratiquer était de le considérer comme un jeu occasionnel, et de retourner à un mode de relation plus conventionnel avec sa ou son complice une fois le jeu terminé… et plus j’avance et plus je me dis qu’elle avait raison… (si elle passe lire ces lignes je la salue au passage… Youhou S ! ;-)

Présenté comme ça ça a l’air évident, mais pour moi qui m’étais toujours senti attiré par la soumission depuis mon plus jeune âge c’était très difficile d’imaginer qu’une Maîtresse pouvait également avoir une vie « normale » (un concept très tendance ces jours ci ;-) par ailleurs… Bien sur je le savais, mais seulement de façon abstraite, et la plupart des Maîtresses que j’ai eu le privilège de croiser se comportaient exclusivement en dominantes au cours de nos rencontres… Avec le recul j’en viens d’ailleurs à me demander si c’était un choix délibéré de leur part ou si elles adoptaient ce rôle simplement parce que je mettais un point d’honneur à leur témoigner de ma soumission lors de nos échanges… Grand mystère ça, dont je ne suis pas certain d’avoir la réponse un jour… mais toujours est il que dorénavant je préfère envisager ces relations sur un mode plus léger et plus ludique…

Bizarrement depuis que je considère les choses de cette manière il m’arrive des choses étonnantes… mais ça ce sera pour de prochains billets… ;-)


(à suivre donc ;-)

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Le silence…

C’était une des premières lectrices de ce blog. Une grande Dame du SM aussi… Pas une de ces voix tonitruantes qui résonnent dans les médias, mais une petite voix douce et élégante qui n’avait pas peur du trash et de l’humour noir pour tenir sa chronique tendre et drôle du monde sm. Elle se livrait peu, comme si elle se servait du paravent de ses billets pour mieux se dissimuler derrière, mais on devinait aisément qu’elle avait une immense expérience du SM, et rien que pour ça elle avait tout mon respect, pas celui d’un soumis tout tremblant à l’idée de se faire fouetter par quelque succube bardée de latex, mais celui d’un modeste amateur de ces choses là (bah oui, j’avoue ;-) envers une personne qu’il considère comme une autorité morale.

Elle habitait à Bordeaux et j’espérais la rencontrer lors des quelques mois où j’ai vécu là bas… C’eut été un très grand honneur de partager un café avec elle mais elle n’a jamais voulu donner suite, se contentant d’opposer un silence poli à mes propositions alors même que nous avions acquis une certaine familiarité – si tant est que ce mot puisse s’appliquer à une Dominatrice – à force de nous échanger des commentaires ou des mails… Ce n’était ni par défiance ni par mépris, mais simplement je crois qu’elle était trop élégante et trop vieille France pour accepter de me rencontrer alors qu’elle était déjà malade.

On s’échangeait moins depuis quelques temps… Je me suis un peu éloigné (momentanément ;-) du monde de la soumission masculine, mais je voyais avec un pincement au coeur que ses billets devenaient de plus en plus irréguliers. Je viens d’apprendre qu’elle nous avait quitté, et je voulais saluer sa mémoire en toute simplicité.

J’aimerais pouvoir dire des choses belles et grandiloquentes, mais parfois c’est mieux de simplement baisser la tête… Juste se taire et songer à une grande Dame qui vient de prendre congé…

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Question existentielle…

Je ne sais pas ce que je préfère de cette chanson ou du clip qui l’accompagne…
Vous m’aidez ? ;-)

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La sirène et le homard


février 1788
Accoudé au bastingage du HMS Supply le capitaine Henry Lidgbird Ball observait la silhouette massive des deux monts de basalte qui s’élevaient sous le ciel étoilé. L’île qu’il venait de découvrir n’était pas bien grande, quelques miles de long à peine, mais fertile et accueillante, seulement peuplée de myriades d’oiseaux marins et de tortues qui s’étaient laissé attraper sans difficulté au cours de leur reconnaissance à terre. Il y avait également cette curieuse bestiole évoquant une langoustine qui aurait préféré vivre dans les branches des pins et des ficus plutôt que dans les eaux limpides du lagon, mais l’animal s’était avéré aussi inoffensif que son apparence était peu avenante.

C’était un bon endroit pour établir une nouvelle colonie pénitentiaire. Il aurait très bien pu y déposer la vingtaine de forçats enfermés dans les cales de son navire, la lie des bas-fonds londoniens que la couronne avait préféré expédier aux antipodes… Mais ceux-ci étaient d’ores et déjà attendus dans la toute nouvelle colonie des Iles Norfolk, à quelques centaines de miles plus au nord. Il reviendrait peut être un jour sur l’île pour y déposer une autre cargaison de bagnards, mais pour l’heure il lui tardait de reprendre la mer et voguer vers de nouvelles aventures, et peut être un jour trouver une terre aussi gigantesque que l’île-monde que son grand ami et néanmoins rival James Cook venait de découvrir quelques années plus tôt dans cette région du Pacifique.

Un clapotis attira son attention. il devina plus qu’il ne vit une masse silencieuse glisser dans le clair de lune en direction de l’île. Sans doute un lamantin, à moins que ce ne soit quelque sirène songea-t-il, soudain poète. Ce n’est que le lendemain qu’ils découvrirent le matelot Clarke ligoté dans la soute à voiles du navire. Cet idiot s’était laissé séduire par une des prisonnières, qui l’avait proprement assommé une fois leur commerce achevé avant de prendre la poudre d’escampette. Ils abandonnèrent leurs recherches sur l’île au bout de deux jours. Le matelot prit 40 coups de fouets et, pour l’exemple, fut enchaîné en lieu et place de celle qu’il avait laissé échapper et le vaisseau put enfin reprendre sa route vers sa destination initiale. L’île fut baptisée Lord Howe Island, et s’appelle toujours ainsi aujourd’hui.

Novembre 1920
Ah les maudits ! Le vieil homme laissa passer sa colère en s’épongeant le front. Deux ans ! Il avait suffi de deux ans pour changer la face de l’île. Il revoyait encore l’épave du Makambo fracassée sur les récifs au pied de Malabar Hill, les ballots de marchandises évacués des flancs éventrés du navire et… ces fichus rats noirs qui s’étaient aussitôt multipliés en dévorant tout sur leur passage. Le conseil de l’île avait décidé d’introduire des chouettes de Nouvelle Guinée pour les éliminer, ou à tout le moins les contrôler, mais il craignait qu’il ne soit déjà trop tard pour bon nombre d’espèces endémique de l’île. Disparues les grives, les gérygones et les étourneaux… Et pas le moindre homard des arbres à l’horizon depuis ce matin !

Sa besace vide pendait piteusement à sa ceinture. Il réalisa qu’il lui faudrait dorénavant utiliser d’autres appâts pour aller pêcher l’espadon, mais sa tristesse était plus profonde. C’était un élément du décor qui disparaissait, un fil qui le reliait au monde familier de ses jeunes années qui se rompait. Il s’approcha d’un ficus géant. Ils aimaient nicher là pendant les heures chaudes du jour, dans les cavités vermoulues du tronc et des racines aériennes. Un mouvement au sol attira son attention. Un rat ! Il tapa rageusement du pied et la bestiole s’eclipsa d’un bond dans les fourrés, abandonnant un homard en piteux état, qui tenta de s’éloigner en trainant une patte broyée derrière lui.

« Laisse la, s’il te plaît ». Il se retourna, interloqué. La jeune femme s’accroupit et tapota le sol du bout des doigts. Le homard darda un instant ses grandes antennes fauves vers elle, puis grimpa docilement sur le dos sa main. Elle lui sourit en le fixant de ses grands yeux lumineux. Des yeux qui lui étaient familiers, tout comme la perle noire suspendue au creux de ses jolis seins… Il revit le jour où il l’avait ramenée du fond du lagon, et offert à la belle inconnue qui vivait sur les hauteurs de Siren’s beach. La saveur de leurs ébats passionnés sous les forêts de Kentia du Mont Lidgbird lui revint en un instant… Sauf que… c’était il y a quarante ans, et que les années semblaient n’avoir eu aucune prise sur elle. Il eut un vertige et sentit ses jambes se dérober sous lui. Lorsqu’il se réveilla elle était partie. Il ne la revit plus jamais, pas plus qu’il ne revit de homard, et finit par se demander s’il n’avait pas simplement rêvé toute cette histoire.

Septembre 2008
Le guide pointa le doigt vers une minuscule tâche verte accrochée sur une arête de l’incroyable aiguille de basalte de la Pyramide de Ball jaillissant des flots de la mer de Tasman. C’est le seul buisson de l’île, fit il tandis que le zodiac longeait les murailles striées de guano. Il a poussé sur une petite cuvette permettant de stocker l’eau de pluie. C’est là qu’on les a trouvés. Des alpinistes avaient signalé la présence d’étranges créatures mortes sur l’île. On a tout de suite pensé que c’était eux mais comme ils ne sortent que la nuit il a fallu escalader la falaise au clair de lune pour les dénicher. Rendez-vous compte. Une espèce qu’on croyait éteinte depuis 80 ans ! Le feulement du moteur ne suffisait pas à masquer l’enthousiasme de sa voix. C’est la découverte du siècle !

C’est le plus grand phasme du monde. Un fossile vivant qui parcourait déjà la terre au temps des dinosaures. On en a recensé 24 sur l’île. Nous en avons prélevé quatre, dont deux qui sont morts presque aussitôt. Nous avons baptisé les deux survivants Adam et Eve, et… voici leur progéniture fit il en présentant fièrement un spécimen, qui devait bien mesurer 15 cm, au parterre de journalistes invités à l’université de Melbourne pour annoncer la redécouverte de Dryococelus australis, familièrement appelé le homard des arbres. La grosse brindille sur pattes perchée au bout de ses doigts semblait parfaitement indifférente à toute l’attention dont elle faisait l’objet. Quelqu’un veut le prendre ? Soyez sans crainte. Il est impressionnant mais parfaitement inoffensif. Une jeune femme de la Tribune de Genève s’avança et prit l’insecte géant sur sa main.

Est ce que vous avez des questions ? Un correspondant de l’Asahi Shimbun leva la main.
Est ce qu’on sait comment ils ont pu passer de L’ïle de Lord Howe à la Pyramide de Ball ?
Je vais vous dire, c’est un mystère. Il y a 23 km entre les deux sites et on suppose qu’ils ont pu faire le trajet accrochés à des oiseaux, ou dans une barque de pêcheurs, mais la vérité c’est qu’on n’en sait rien. Il y a aussi une légende qui dit que c’est une sirène qui a emporté la dernière femelle de l’espèce pour la mettre en sureté. En tout cas un des habitants de l’île nous a rapporté que son grand père lui racontait cette histoire quand il était enfant. C’est une belle histoire n’est-ce pas ?
Certes, songea la jeune femme en souriant tandis que le phasme promenait doucement ses antennes sur la perle noire suspendue à son cou gracile…

… Et en plus c’est une histoire vraie… (ou presque ;-)

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Posted in Au pays de Heidi Silicium | 7 Comments

Avis de recherche

On recherche la trace des oiseaux dans le bleu du ciel.
Si vous les croisez, merci de prévenir Heidi Silicium, Boîte postale 69, Voie lactée, qui transmettra

(Pleine lune demain à 5h28)

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