Monthly Archives: octobre 2011

Rythm 0

Dans cette performance réalisée en 1974 à Naples, Marina Abramovic dispose 72 objets sur une table, dont certains sont destinés a donner du plaisir (miel, plumes, pétales, rouge à lèvres…) et  d’autres servent a blesser (fouet, scalpel, épines…). Puis elle s’installe auprès d’un panneau invitant les personnes présentes à utiliser ces objets sur elle comme bon leur semblera.

Elle reste ainsi pendant 6 heures, offrant une passivité absolue à tous les caprices du public. La plupart des gens se l’approprient comme une poupée, mais l’atmosphère devient malsaine et les jeux du début cèdent la place à une agressivité croissante. Elle se retrouvera presque nue, ensanglantée et en pleurs, une branche d’épines sur l’épaule et des pétales de rose collées sur les seins. La tension atteint son paroxysme lorsqu’un spectateur braque sur elle un pistolet chargé… et qu’un autre intervient pour l’en empêcher.

Lorsqu’elle retourne vers le public après la fin de la performance tout le monde s’enfuit pour éviter la confrontation. « Ce que j’en ai appris, c’est que si vous laissez le public décider, il peut très bien vous tuer. » (…) « Lorsque je suis rentrée à l’hôtel ce soir là je me suis regardée dans la glace et j’y ai vu de grandes plaques de cheveux blancs »


Marina Abramovic est considérée comme la grand-mère de l’ « art performance ». Elle n’a jamais cessé de poursuivre son exploration des limites du corps en tant qu’objet de recherche artistique. Elle considère l’interaction avec le public comme un élément clé de son travail, et l’invite régulièrement a intervenir dans ses oeuvres, mais elle n’a plus jamais cédé le contrôle de la performance à des inconnus.

Vous je ne sais pas, mais chez moi ça déclenche de nombreux échos et questionnements…
Qu’est ce qui fait qu’un groupe devient agressif ? A partir de quel degré de passivité se met on en danger ? Qu’est ce qui fait qu’on est reconnu et respecté en tant qu’être humain ? Ca m’interpelle dans ma pratique du SM bien sûr… Mais au delà de ces (aimables ;-) fantaisies il me semble que ces questions concernent également la sphère privée en général et l’ensemble de la vie sociale… au travail, dans les cours de récré (un certain nombre de profs pourront en témoigner je pense ;-), et jusque dans les relations entre groupes sociaux…

Et sous cet angle là peut être que le mouvement des 99% a quelque chose de profondément salutaire…

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Cuir thérapie

En parcourant le billet de petite française sur les risques en BDSM je me faisais la réflexion qu’il n’y avait pas grand chose à y redire, ce qui est toujours un peu frustrant quelque part ;-)… jusqu’à ce que…
                 « le bdsm est une déviance sexuelle, pas une thérapie comportementale »

Je ne suis pas certain d’avoir bien saisi le contexte de cette affirmation. Si j’ai bien compris c’était en réponse à un dom qui se plaignait de ne pas trouver de soumise acceptant de se laisser « coacher ». Quoi que ça puisse être il est clair qu’il ne s’agit en aucun cas de forcer l’autre à faire des choses qu’il/elle ne voudrait pas… Dans ce cas la relation cesserait d’être consensuelle et mieux vaut alors prendre ses distances. Ce genre de situation se reconnait d’ailleurs assez facilement mais c’est une autre histoire…

En revanche pour ma part j’avoue volontiers que je ne connais rien de plus thérapeutique que le BDSM… J’y vois une école de la transgression qui me permet d’abolir mes peurs et de surmonter mes inhibitions… et dans la jouissance en plus.

Aussi loin que je me rappelle j’ai toujours été attiré par la soumission… je pense qu’à la base il y avait une forme de réaction à une éducation fondée sur une culpabilisation permanente…  L’inconvénient de naître à la campagne profonde dans un milieu qui était tout sauf libéral… Et autant vous avouer que mes premiers flirts d’ado ont été assez calamiteux… J’ai même fini par bloquer complètement, et par me retourner vers les fantasmes que j’avais éprouvé enfant.

Ma première expérience de soumission a été une pure libération… Pour la première fois je pouvais jouir de ma sensualité puisque ce n’était pas moi qui choisissais (même pas ma faute m’dame ;-)… C’est l’extrémité d’une cravache promenée sur ma cheville qui m’a fait réaliser qu’une caresse pouvait procurer du plaisir. La première fois que j’ai fait l’amour j’étais attaché en croix sur un lit… et je ne crois pas que j’aurai pu franchir le pas si ma complice m’avait laissé le choix… ce qui aurait quand même été super dommage ;-)

J’ai beaucoup progressé depuis mais il reste du boulot (bah oui ;-)… Et curieusement c’est toujours dans le BDSM, et des deux côtés du manche à présent (ou plus précisément d’un côté du manche et de l’autre côté de la corde ;-) que je trouve les ressources qui me révèlent à moi même et me font avancer…

C’est un grand mystère, mais aussi une grande source de plaisir, puisque comme le dit fort justement B c’est également une déviance… et donc une grande source de jouissance ;-)

Au fond c’est une question de gourmandise, un peu comme une tartine de miel ou de Nutella, et si d’aventure ça coule un peu il existe des manières très plaisantes d’y remédier… et slurp donc ;-)

Ps. Merci b pour ce joli billet… je vous fais confiance pour les prochains sujets, mais si vous pouviez éviter les subprimes ce serait sympa ;-)

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(Pleine lune cette nuit à 4h06 ;-)

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Mutant et hybride

On y croise des fakirs et des acrobates, des derviches tournoyant au milieu des flammes, de gracieuses dames papillons montées sur échasses, d’audacieuses créatures tout droit sorties d’un roman de Lovecraft, d’improbables ballerines vêtues d’un tutu et d’un masque à gaz rose… Tout un petit monde étrange et attachant qui déambule aux milieu des dandys et des succubes, pirates, catcheurs, écclésiastes, élégantes des années folles et même quelques nounours en liberté au milieu des punks à vapeur… Tout un éventail de tenues fétichistes aussi… bien sur… qui se mêlent et s’entremêlent en un joyeux cross-over sur fond de fox-trot ou d’electro.

Chaque soirée a ses saveurs, ses couleurs propres… Le bal du cabaret rouge c’est la poésie et la transgression, assurément… avec en prime la fête et l’émerveillement…

 

 

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